Ma dose quotidienne de littérature française

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Extras
Par Jacques Dupont

J’ouvre à la date du jour le délicieux livre de Johan Faerber, et récupère ma dose quotidienne. Aujourd’hui 2 mars, c’est Charlotte Delbo, auteure de « Aucun de nous ne reviendra », rédigé en 1945 et tenu secret durant 20 ans. Charlotte Delbo est une des 49 rescapées du convoi des 31.000, emblématique de l’opération « Nuit et Brouillard ». Je ne la connaissais pas et la lirai certainement.

Il y en a 364 autres. Des connus — je les redécouvre, du Bellay par exemple — ; des inconnus d’hier (Adèle d’Osmond, vous connaissez ?) et d’aujourd’hui, tels Cheikh Hamidou Kane. Une citation en début d’article m’a permis de me faire une idée de son style, et j’ai sacrément envie de lire son Aventure ambiguë.

Tous les jours, chaque matin, je me réjouis.

« Ma dose quotidienne » est un livre à (s’) offrir, sans désemparer, sans hésitation, sans même une occasion festive. On peut en démarrer la lecture au jour qu’on veut. »

J’en profite pour recommander Diacritik, son site (gratuit), et les travaux de Johan Faerber sur la littérature contemporaine et l’enseignement. On peut également le suivre via Facebook.

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Johan Faerber
Ma dose quotidienne de littérature française
Éditions Armand Colin
2022

Bibliocat

Pour passer de joyeuses fêtes

Alex Howard, Bibliocat, Hauteville, 2019

— Par Julien Raynaud

Il paraîtrait que trente pour cent des ménages français possèdent au moins un chat. À n’en pas douter, on cherchera en priorité dans cette catégorie les lecteurs de Bibliocat. Qui ne voudrait pas découvrir ce que fait un chat de ses journées, ce que pense un chat, qui plus est un chat de bibliothèque ? Les fans de livres et de chats boiront du petit lait en lisant Alex Howard. Ils apprécieront le caractère léger de ces chroniques félines, au sein desquelles il est possible de picorer comme dans un fablier. Voilà qui est idéal pour se détendre, pour s’évader dans le calme et le ronron. On pourra laisser ce livre sur un petit meuble, près d’un fauteuil et d’un pot d’herbe à chat (appelée cataire dans Bibliocat), et on l’ouvrira, de-ci de-là, en tenant un mug brûlant.

Dès les premières pages, le plan du territoire du chat érudit constitue déjà une gourmandise. Quant aux chroniques successives, où vous découvrirez un cousin français du héros, très hautain comme il se doit, elles pourraient bien, sous leurs allures légères et sous la plume d’un doctorant en littérature, vous inviter à une certaine lucidité sur la futilité des actes humains, en tous les cas aux yeux des chats. En prime, l’auteur vous renvoie à la fin de chaque chronique à la lecture de romanciers britanniques, que vous pourriez découvrir à cette occasion : Georges Douglas Brown, Stephen Fry, etc.

Bien sûr, si c’était de l’action, une enquête ou une histoire d’amour que vous cherchiez, vous serez déçu. Et si vous êtes plutôt canidés, vous vous réjouirez de vous tourner ensuite vers Paroles de chien de Rudyard Kipling.

Catégorie : Extras (Grande-Bretagne). Traduction : Claire Allouch.

Lien : Bibliocat chez son éditeur — où vous pourrez lire un extrait. Paroles de chien de R. Kipling, préface et traduction de Thierry Gillyboeuf, chez Rivages Poche, 2021.

Des fourmis et des oiseaux

— Par Florence Montségur

Comme ce sont les vacances, on peut peut-être un peu parler BD ? Juste un peu. Des BD courtes. Parce que j’aime bien l’esprit « court », où tout l’art est dans la chute.

Mes préférées du moment :

Un travail de fourmis, d’Henri Lemahieu, où une fourmi en a marre de bosser.

(cliquez pour lire la suite)

Ornithologie, de Dara Nabati, qui se passe à une réunion de spécialistes et qui m’a bien fait rire.

(cliquez pour lire la suite)

Et, dans un autre genre :

La rancune, de Carine Guichard, qui joue avec les bulles.

(cliquez pour lire la suite)

Catégorie : Extras.

Lien : Shortédition.

Bescherelle Poche Conjugaisons

Charlotte Monnier (éditrice), Bescherelle Poche Conjugaisons, Hatier, 2018

— Une brève de Florence Montségur

Parce que le présent de l’indicatif, c’est bien, mais d’autres conjugaisons subtiles méritent qu’on se souvienne d’elles, voici un petit livre qui ne détonnera dans aucune bibliothèque, sur aucun bureau, dans aucun cartable.

Les tables sont assorties de petites explications bienvenues. Le format est parfait. Une excellente référence « pour conjuguer vite et bien ».

Catégorie : Extras.

Liens : chez l’éditeur.

Frink et Freud

Lionel Richerand et Pierre Péju, Frink et Freud. Le patient américain, Casterman, 2020

— Par François Lechat

Pierre Péju avait déjà publié un roman, L’oeil de la nuit, consacré à la vie tragique d’Horace Frink, le premier psychiatre sur lequel Freud a tenté de s’appuyer pour répandre la psychanalyse aux États-Unis. Parallèlement au roman, Péju a écrit le scénario et les dialogues d’une BD sur le même sujet, qui paraît le 27 janvier, dessinée par Lionel Richerand. Cela pourrait passer pour un gadget, une sorte de « Frink pour les nuls », mais cet album de plus de 200 pages, dont une dizaine de notices scientifiques, n’est pas un succédané. Il reprend les thèmes majeurs du livre et met en relief la personnalité autoritaire et tourmentée de Freud, qui tranche avec la fragilité de Frink. On n’évite évidemment pas, ici, quelques dialogues didactiques auxquels l’image n’apporte pas grand-chose, mais l’ensemble est bien d’ordre graphique, et assez majestueux. Le dessin, résolument expressionniste à la manière allemande et jouant sur toute la palette des gris, ne cherche pas la beauté mais donne un relief saisissant aux émotions et aux états d’âme, tandis que les dialogues sont plus brefs et percutants que dans le roman. Une œuvre à part entière, et une prise de risque pleinement réussie de la part de Péju.

Catégorie : Extras.

Liens : la BD chez l’éditeur ; L’oeil de la nuit par François Lechat.

La magie de Vasarely

Claire Zucchelli-Romer, La magie de Vasarely, Palette, 2018

— Par Catherine Chahnazarian

J’ai feuilleté avec délices ce pop-up tout en sensations visuelles. On tourne les pages, on en soulève des morceaux colorés, lignés ou plein de ces formes cubiques qu’affectionne le peintre, et les tableaux de Vasarely apparaissent, dans un jeu de construction cartonné, à travers des effets de structure, de formes et de couleurs successifs. Comme il faut tantôt soulever à gauche, tantôt à droite, un rond, un carré, un triangle… on se dit que la conceptrice de ce livre est créative et s’est bien amusée ! Et puis qu’on essayerait bien la même chose avec d’autres peintres. Eh bien, pas de problème : il y a aussi Paul Klee, Kandinsky, Andy Warhol et quelques autres.

Une bonne manière de découvrir ou faire découvrir de grands peintres et leurs conceptions de l’art.

À partir de 3, 4 ou 6 ans selon les ouvrages — 6 ans pour ce Vasarely.

Catégorie : Extras – Petite enfance.

Liens : La magie de Vasarely chez l’éditeur ; la collection de livres animés.

Noël 2020 – Cherchez l’erreur

— Par Catherine Chahnazarian

Est-ce que vous connaissez ShortEdition, « l’éditeur propulseur de littérature courte »? NouvellesBD courtesPoèmesTrès très courtClassiqueJeunesse, telles sont les étiquettes qu’il vous suffit de cliquer pour découvrir l’inventivité des Français. (Vous pouvez aussi soumettre une oeuvre, si ça vous dit…)

Pour ce Noël, je vous ai sélectionné ce strip de DamienTb, genre « Cherchez l’erreur » :

https://short-edition.com/fr/oeuvre/strips/manon

Les fables de la Fontanel

Sophie Fontanel, Les Fables de la Fontanel, Robert Laffont, 2020

Par Florence Montségur.

 

Mais que sont donc ces fables ? Des moments polissons,

Des récits tout en joie dont la fin a du fond

(Pas des fonds de culotte, dirait la Fontanel,

Mais ce mot, je l’assume, est de moi et pas d’elle),

Des récits qui rimaillent. Mais la science des vers

C’est d’amuser l’oreille, et s’ils ne sont pas clairs,

Si le rythme est bancal, la lecture est troublée.

Or si la Fontanel est habile à croquer

Des problèmes charnels, des désirs maladroits,

Des membres trop petits ou bien pas assez droits,

Des idées toutes faites qui pourrissent la vie,

De grands malentendus et de petits ennuis,

Des passions flétries, des ratés du caleçon,

Ses vers laissent perplexe. Et quant à ses leçons

Certaines sont subtiles mais d’autres sont forcées.

Bref, l’intention de peindre et aussi d’amuser

En fait des fables drôles… et des textes moyens.

(Réservés aux adultes — Tu entends, galopin ?)

Catégorie : Extras.

Liens : chez l’éditeur.

Comment en parleraient-ils ?

Un petit extra de circonstance… Juste un. Pour vous faire sourire. Mais que vous pouvez prolonger en postant des idées à vous dans la case commentaire. Source : anonyme ou inconnue.

Flaubert : raconterait l’ennui d’une jeune femme confinée avec son mari.

Balzac : raconterait l’histoire de la fabrication du canapé où son héros est assis.

Proust : Son héros tond pendant le confinement. L’odeur de l’herbe coupée lui remémore son passé.

Beckett : Deux hommes attendent la fin du confinement – qui n’arrivera jamais.

Ionesco : Le confinement attend la fin de l’homme.

Zola : raconte avec précision le quotidien d’un ouvrier d’Amazon contraint de travailler.

Maupassant : Son héros confiné a des hallucinations et devient fou.

Feydeau : Un mari, sa femme et l’amant de celle-ci sont confinés ensemble…

Musso : Deux personnages que tout oppose sont confinés dans la même maison. Ils tombent amoureux.

Marguerite Duras : Confinée. Se confiner. Je crois que ça va durer 14 jours. Ou peut-être plus. Promener mon chien. Absence de chien. L’attestation était pourtant prête sur la table.

Stephen King : Un alcoolique repenti, confiné, est torturé par le fantôme de son frère jumeau mort à 8 ans qui le pousse à tuer sa femme obèse et fanatique religieuse.

Pascal : Confiné, l’humain lance une appli de paris en ligne à propos de la date de fin du confinement ou de la date de fin du monde.

Kafka : Un homme confiné s’ennuie, regarde une mouche courir sur son plafond… À la fin, c’est la mouche qui le regarde, courir sur les murs.

Bukowski : se lève à midi et boit une bière au petit déjeuner avant d’écrire le plus beau poème jamais écrit en se grattant les couilles.

Camus : Le confinement ne fait qu’accentuer l’esprit étroit de l’homme et enferme ses questions dans des bocaux sans réponses.

Lamartine : « Un seul cas de coronavirus et tout est dépeuplé. »

Pennac : L’adulte confiné retrouve son âme d’enfant et plonge dans des aventures imaginaires.

L’effet miroir et La face cachée

Vincent Rémont, L’effet miroir et La face cachée, Vincent Rémont, 2019

Par Catherine Chahnazarian.

Un petit extra, sur ce blog où nous ne critiquons en principe que des livres qui ont trouvé (un vrai) éditeur ; bien que L’effet miroir ait d’abord été publié chez Incartades avant d’être partiellement réécrit et réédité par l’auteur. Petit extra pour ces deux polars qui forment une suite et tiennent la comparaison avec nombre de romans grand-public en vente dans les supermarchés (ceux-ci se commandent directement à Vincent Rémont).

Xavier, qui a l’ambition de devenir écrivain, achète une vieille machine à écrire Underwood. Mais celle-ci lui joue le mauvais tour de le transporter dans la peau de quelqu’un d’autre… et ce n’est pas un cadeau.

Il ne manque à cette histoire que la relecture d’un bon éditeur, qui aurait pu faire couper quelques petites répétitions dues à la structure à plusieurs voix, structure efficace qui ménage des suspenses réussis et permet d’introduire progressivement des personnages qui ont leur épaisseur. Ajoutons que l’écriture se tient : homogène et efficace elle aussi, au service de l’histoire.

Ce n’est pas une découverte extraordinaire mais, je le rappelle, de la veine des polars grand-public, adaptés à ces moments de détente où l’on se laisse glisser dans la peau d’un personnage, dans la peau… d’un autre.

Catégorie : Policiers et thrillers. Extras.

Liens : le blog de l’auteur.

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