Les pantoufles

Pour passer de joyeuses fêtes

Luc-Michel Fouassier, Les pantoufles, l’Arbre vengeur, 2020 (existe en Folio)

— Par Florence Montségur

Cent treize pages qui se lisent d’une traite. Un sujet simple : un homme un peu distrait sort de chez lui en oubliant ses clés à l’intérieur et constate qu’il n’avait pas encore mis ses chaussures. Ses charentaises écossaises sont confortables mais peu assorties à son impeccable costume. Tant pis, il est trop pressé, il trouvera comment gérer cela en route. Et cela donnera lieu a des improvisations spectaculaires. Très parisiennes. Comme chez Fabrice Caro, tout est dans la tchate. Celle du héros et parfois aussi celle des personnages qu’il rencontre. Car les réactions sont imprévisibles !

Un personnage qui ne se prend pas au sérieux et se laisse aller aux événements. Une gentille moquerie de cette intellectualité snob qu’on retrouve dans certains milieux. Un petit roman amusant donc, qui se lit en…

Catégorie : Littérature française.

Liens : Les pantoufles en Folio ; la page sur l’auteur à l’Arbre vengeur ; retrouvez Fabrice Caro dans notre classement par auteur.

Propos cocasses et insolites entendus en librairie

Pour passer de joyeuses fêtes

Jen Campbell, Propos cocasses et insolites entendus en librairie, BakerStreet, 2016

— Par Florence Montségur

Ce recueil de propos véridiques est d’autant plus sympathique qu’il est illustré par l’excellent dessinateur sud-américain Pancho. Plus qu’un simple recueil de perles donc !

Un avant-goût :

Catégorie : Extras (Royaume-Uni). Traduction : Géraldine D’Amico.

Liens : le recueil chez l’éditeur ; le blog de l’autrice ; Un monde de brut de Pancho chez BakerStreet (2015).

La maison du ruisseau

Marie-Laetitia Gambié, La maison du ruisseau, Shortédition, 2012 (?)

— Une brève de Florence Montségur

Une jolie nouvelle, poétique, presque envoûtante d’insectes qui bourdonnent dans la cour ensoleillée.
Très de saison !

L’intimité d’un chez soi, sa complicité même… Et, peut-être, son ouverture à une nouvelle âme ?

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Lien : lire la nouvelle sur short-edition.com.

Des fourmis et des oiseaux

— Par Florence Montségur

Comme ce sont les vacances, on peut peut-être un peu parler BD ? Juste un peu. Des BD courtes. Parce que j’aime bien l’esprit « court », où tout l’art est dans la chute.

Mes préférées du moment :

Un travail de fourmis, d’Henri Lemahieu, où une fourmi en a marre de bosser.

(cliquez pour lire la suite)

Ornithologie, de Dara Nabati, qui se passe à une réunion de spécialistes et qui m’a bien fait rire.

(cliquez pour lire la suite)

Et, dans un autre genre :

La rancune, de Carine Guichard, qui joue avec les bulles.

(cliquez pour lire la suite)

Catégorie : Extras.

Lien : Shortédition.

Le voyageur et le jardinier

— Par Florence Montségur

J’ai été charmée par ces deux courtes nouvelles publiées chez Shortédition. Jolies et émotionnantes, elles sentent le vrai et ont en commun le thème du père, la démarche du souvenir et le bonheur d’avoir aimé.

Le voyageur, d’Ariane Kainomyz, témoigne de l’équilibre positif d’une famille où, pourtant, on pourrait se croire malheureux. C’est tendre et généreux, et c’est triste sans l’être.

Chez mon père, de Viviane Clément, revisite un jardin qu’il fallait arroser avec un arrosoir trop lourd, sous les yeux attendris de celui qui savait comment planter, soigner et cueillir. Cette nouvelle simple, fluide, imagée, donne d’autant plus envie de retrouver de l’herbe verte, des fleurs colorées, de l’eau à la pompe…

N’oublions jamais d’aller voir ce que font les amateurs — parfois des merveilles — sur les sites où ils peuvent s’exprimer.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : Shortédition ; le concours de nouvelles de Shortédition.

Plus on est de fous plus on s’aime

Jacky Durand, Plus on est de fous plus on s’aime, Stock, 2022

— Par François Lechat

Roger et Joseph, un repris de justice et un ancien cadre ravagé par un drame familial, découvrent un bébé abandonné sur une aire d’autoroute. Contre toute logique, ils décident instinctivement de l’adopter, alors qu’ils vivent dans la pauvreté et la clandestinité. Mais c’est que, dans ce coin perdu de Bourgogne, on a le cœur grand et des amis qui peuvent donner un coup de main sans poser trop de questions – à commencer par un savoureux psychiatre nommé Karl Marx.

De cette idée toute simple, Jacky Durand le bien nommé (c’est un auteur sans prétention, quoique chroniqueur culinaire pour Libé) tire un récit empathique et argotique, qui sent bon le terroir, l’amitié et le cœur des hommes – ainsi que des femmes, qui ne manquent pas de caractère. Il y a de l’humour, de la tendresse, quelques rebondissements et un sens aigu de l’humanité. Et même un malfrat qui veut se venger des mauvaises manières de Roger… On se croirait dans un vieux San Antonio, sans le machisme à courte vue de Frédéric Dard.

Catégorie : Littérature française.

Liens : présentation du roman chez l’éditeur. Par curiosité : Cuisiner un sentiment, de Jacky Durand, aux éditions de L’épure et Tu mitonnes sur le site de Libération.

La dernière fois que j’ai vu Adèle

Astrid Éliard, La dernière fois que j’ai vu Adèle, Mercure de France, 2019 (disponible en Folio)

— Par Florence Montségur

Marion gère difficilement l’adolescence de ses deux enfants : Adèle, qui ne lui parle plus ; Timothée, ses écouteurs toujours sur les oreilles. Lorsque Adèle disparaît, Marion est bien sûr dévastée. Et lorsque des attentats terroristes sont commis à Paris, l’angoisse monte encore d’un cran.

Des flash-backs vont nous donner progressivement accès à cette jeune fille pas comme les autres, puis la multiplication des narrateurs va éclairer sa personnalité en construisant petit à petit le sens de son absence. L’autrice a bien monté son roman et elle a du talent. Les lycéens ne s’y sont pas trompés en lui décernant un prix. Adèle est, finalement, un exemple explicatif de l’inexplicable, et Astrid Éliard a du mérite de s’être attaquée à pareilles souffrances.

Pour tout dire, quelque chose dans la psychologie m’a gênée. Peut-être l’extériorité de ce regard, un peu scolaire et dont l’émotion est un peu fabriquée. Mais c’est peut-être cela qui permet aux jeunes d’entrer dans l’histoire et de la lire jusqu’au bout.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur ; en Folio.

Mélodie pour un tueur

Frédéric Lenormand, Mélodie pour un tueur, J.C. Lattès, 2020

— Par Florence Montségur

Très doué pour l’ironie et le jeu de mot, Frédéric Lenormand sait décidément faire de sa connaissance du 18e siècle un badinage réjouissant. Dans cet opus de la série « Voltaire mène l’enquête », on assiste notamment à la rencontre entre Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. L’exquise marquise du Châtelet fait évidemment partie de l’histoire, ainsi que Rameau, le compositeur, et quelques autres personnages célèbres comme La Pompadour ou Louis XV. Tous gentiment désacralisés.

Toujours aussi égocentrique, vaniteux, près de ses sous et hypocrite, Voltaire veut certes lutter contre l’intolérance mais mène une enquête dans son seul intérêt. Tradition de la série, il mangera à tous les râteliers, devra se déguiser, et traversera Paris en long et en large. Cette fois, nous irons aussi à l’Opéra, où des dames se pâment devant leur chanteur favori…

Lenormand nous transporte avec une aisance qui ne se dément pas dans un 18e siècle que l’on a l’impression de connaître. Ce roman cultivé et spirituel, très récréatif, est un des meilleurs « Voltaire mène l’enquête ».

Catégorie : Policiers et thrillers.

Liens : chez l’éditeur.

Bescherelle Poche Conjugaisons

Charlotte Monnier (éditrice), Bescherelle Poche Conjugaisons, Hatier, 2018

— Une brève de Florence Montségur

Parce que le présent de l’indicatif, c’est bien, mais d’autres conjugaisons subtiles méritent qu’on se souvienne d’elles, voici un petit livre qui ne détonnera dans aucune bibliothèque, sur aucun bureau, dans aucun cartable.

Les tables sont assorties de petites explications bienvenues. Le format est parfait. Une excellente référence « pour conjuguer vite et bien ».

Catégorie : Extras.

Liens : chez l’éditeur.

404

Sabri Louatah, 404, Flammarion, 2020 (disponible en J’ai Lu)

— Une brève de Florence Montségur

Des Français d’origine algérienne souffrant du racisme, différents par leur capacité de réussir, leurs valeurs, leur sentimentalité ; une femme (de droite) présidente de la République ; l’évolution incontrôlable de l’informatique. Voilà les ingrédients de ce roman un peu bavard et platement écrit au présent, mais fort, et dont l’auteur mérite d’être encouragé pour sa courageuse ambition de nous faire réfléchir à notre civilisation et à notre humanité.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur ; en J’ai Lu.

La vie devant soi

Noël 2021
Offrir, lire ou relire de grands classiques

Emile Ajar, La vie devant soi, Mercure de France, 1975

— Par Florence Montségur

La première chose que je peux vous dire c’est qu’on vivait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes, c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines.

Ce jeune garçon qui s’exprime au « je » va vous interpeller tout au long du récit qui vous apprendra à le connaître « si vous trouvez que ça vaut la peine ». Moi j’ai trouvé. Je l’avais lu d’une traite avec passion à l’époque (il venait de recevoir le prix Goncourt) et je l’ai relu avec admiration aujourd’hui.

Mohammed, cet enfant placé qui ne connaît pas son âge car il n’a « pas été daté » et dont la puberté débarque sans prévenir, décrit son monde : le quartier de Belleville, entre Noirs, Arabes et Juifs, Madame Rosa, traumatisée par Auschwitz, les enfants de putains qu’elle garde pour gagner sa vie, et des personnages de toute sorte, dont Madame Lola, une travestie « qui travaillait au Bois de Boulogne et qui avait été champion de boxe au Sénégal ».

Que sait Momo de la vie ? Il en sait assez pour nous remettre à notre place, nous qui nous apprêtions à le trouver mignon, avec son français mal maîtrisé et sa naïveté apparente. Il nous immerge dans le souvenir de la Shoah, le racisme, la misère dans ses versions pécuniaire, physique et morale, l’entraide cependant, la responsabilité, l’amour enfin, celui qui n’a pas besoin de s’appeler comme ceci ou comme cela pour exister.

Ce roman beau, drôle et pathétique, stylistiquement sans pareil, est un des chefs-d’œuvre de Romain Gary, qui s’est bien moqué des critiques qui le croyaient fini ou incapable d’encore créer la surprise.

Catégorie : Littérature française.

Liens : La vie devant soi en Folio ; un résumé de l’affaire Emile Ajar ; une bonne biographie de Romain Gary ; deux articles des Yeux dans les livres dans lesquels vous le retrouverez : Romain Gary s’en va-t-en guerre et Un certain Monsieur Piekielny.

À travers Coline

Marianne Ajac, À travers Coline et autres textes courts, short-edition.com, 2021

— Une brève de Florence Montségur

Dans Canicule et Heket et Tara (à lire dans cet ordre), des situations familières s’inscrivent dans le climat du futur. H. et Marie-Mercredi raconte une étrange rencontre… Mais ma préférée est À travers Coline. Le talent de l’autrice s’épanouit dans cette variation poétique et symbolique sur l’âme.

À découvrir si vous aimez le court, la poésie et le surréalisme.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : Les textes de Marianne Ajac sont regroupés ici sur short-edition.com.

La griffe du chat

Sophie Chabanel, La griffe du chat, Seuil, 2018 (disponible en Points)

– Par Florence Montségur

Ne vous fiez pas au mauvais titre de ce roman ni à son début, qui voit une femme pleurer la perte de son chat à côté du cadavre… de son mari. On pourrait craindre un ton grand-guignol ou un genre gnangnan, mais Sophie Chabanel entame là un vrai roman policier, sans prétention mais qui n’a rien à envier à certains auteurs à succès. L’intrigue est efficace sans vous mettre dans tous vos états (c’est un policier, pas un thriller) et se poursuit sans faiblir, au contraire, jusqu’à la résolution finale. Un peu d’humour et un féminisme qui n’a pas besoin de se crier sur tous les toits donnent une épaisseur délicate à cette histoire qui se passe dans le Nord. La commissaire Romano, vingt-cinq ans d’expérience, de la personnalité juste ce qu’il faut, humaine, imparfaite, réaliste, est affublée d’un adjoint qui a des valeurs et d’un lieutenant pas très futé, tous deux bien campés. Voilà une équipe qui pourrait durer : on serait bien content de retrouver les personnages comme le style — fluide, facile, agréable — dans une autre aventure.

Pour celles et ceux qui en ont marre que les flics aient nécessairement des c…

Catégorie : Policiers et thrillers.

Liens : au Seuil, en Points.

Tout meurt en une seconde

Clair Gauffenic, Tout meurt en une seconde, short-edition, 2021

— Une brève de Florence Montségur

Je prends de temps en temps quelques minutes pour me rendre sur short-edition.com. Et c’est avec grand plaisir que j’ai découvert le Grand prix du court de ce printemps 2021. Une très bonne nouvelle qui se lit en trois minutes.

J’ai aussi bien aimé Incendie, de Thomas Potier — un clin d’oeil à ceux et celles qui aiment les livres.

L’avantage des sites éditeurs de nouvelles : le plaisir est régulièrement renouvelé !

Catégorie : Nouvelles.

Liens : short-edition ; sans oublier le site de nouvelle-donne, dont Brigitte est directrice de publication et qui recèle aussi de bons textes pour les amateurs de court.

L’offrande grecque

Philip Kerr, L’offrande grecque, Seuil, 2019 (disponible aux éd° Points)

— Par Florence Montségur

À la fin des années 1950, l’Allemagne est encore toute chamboulée : reconstruction et reprise économique, mais remise en liberté d’anciens nazis, suspicion généralisée, et malaise de ceux qui, comme l’ex-commissaire berlinois Bernie Günther, n’ont jamais été nazis mais ont eu l’air de l’être. Sous un faux nom et affublé d’une barbe de circonstance, le héros de Philip Kerr fait profil bas et tente de s’inventer une vie nouvelle. Mais chassez le naturel et il revient au galop. Bernie Günther se retrouve à enquêter en Grèce pour des Allemands — Grèce où les Allemands ont laissé de très mauvais souvenirs. Le contexte historique, fouillé et réaliste, s’assortit des comportements typiques de l’époque, un monde masculin que rend très bien l’auteur, avec ce Bernie Günther qui boit comme un trou, fume comme un pompier et ne voit pas les femmes comme on aimerait aujourd’hui que les hommes les voient. Si on ajoute à cela les stéréotypes qu’ont sans gêne les peuples les uns au sujet des autres, un lecteur qui ne serait pas prêt à vraiment se plonger dans l’époque pourrait être choqué. Mais le livre vaut la peine. Il est bien fichu, saupoudré d’humour, facile à lire, et il serait difficile de l’abandonner avant la fin. De plus, la personnalité du héros, qui se dessine à la fois très clairement et en laissant des zones d’ombre sur son passé, donne envie de retourner en arrière, aux premiers romans que Philip Kerr a consacrés à Bernie Günther. Mais la lecture de cet opus-ci, qui est le treizième, ne souffre pas que l’on rencontre éventuellement le personnage pour la première fois. Ça met plutôt l’eau à la bouche. C’est d’ailleurs Pierre qui, sur Les yeux dans les livres, a fini par me donner envie d’y goûter (merci !). Vols, fraudes, meurtres, menaces ; caractères de différents types ; imprévus et rebondissements, tous les ingrédients s’y trouvent, dans un cadre documenté et avec assez d’humour, dans le genre cynique, pour qu’on passe un très bon moment.

Catégorie : Policiers et thrillers (Grande-Bretagne). Traduction : Jean Esch.

Liens : au Seuil ; aux éd° Points. ; le site officiel de l’auteur.

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