À travers les champs bleus

Claire Keegan, À travers les champs bleus, Sabine Wespieser, 2012

— Par Marie-Hélène Moreau

Si vous aimez lire des nouvelles – du moins si ce genre souvent et injustement mal aimé ne vous rebute pas trop – et que vous avez aimé vos séjours en Irlande ou rêvez d’y aller, vous aimerez probablement ce recueil.

À travers les huit nouvelles qui le composent, la plupart balayées par les vents irlandais, Claire Keegan, d’une plume tout en finesse, dresse le portrait d’hommes et de femmes rudes et souvent solitaires, évoquant leurs secrets cachés, refoulés, leurs rêves abandonnés et leurs déchirements. Il y a dans ces pages des plaines désertes au bord de falaises vertigineuses, des prêtres emplis de tourments pour leurs fautes passées, des amours adultères et puis, bien sûr, des pubs où l’on vient boire une bière et des cheminées dans lesquelles on jette les pavés de tourbes. Il y a des silences aussi, des non-dits. Au final, c’est toute une atmosphère que l’auteure parvient à créer et dans laquelle on se glisse avec plaisir même si la tonalité de l’ouvrage est, soyons honnête, plutôt sombre. Mais comme nous sommes en Irlande (à l’exception d’une nouvelle située aux États-Unis), terre de légendes s’il en est, vous croiserez également au détour de ces pages quelques pointes d’excentricité et un soupçon de superstition qui font de ce livre une intéressante découverte.

Catégorie : Nouvelles et textes courts (Irlande). Traduction : Jacqueline Odin.

Lien : chez l’éditeur.

13 à table ! (hiver 2022-2023)

Restos du Cœur, 13 à table !, Pocket, 2022

Une année est déjà passée depuis la dernière édition de 13 à table ! et les Restos du Cœur doivent à nouveau faire appel à nous.

Cette fois, Thomas Pesquet s’est prêté au jeu de la préface, et avec brio. Généreux, gentil, sincère et intelligent comme toujours, il nous adresse quelques mots dans une écriture parfaite qui le rend encore plus sympathique (*).

Pourquoi Thomas Pesquet ? Parce que le thème de ce nouveau recueil est « La planète et moi ». Il comprend 9 nouvelles + 1 recette de Cyril Lignac pour cuisiner des restes : un risotto de coquillettes au bouillon de légumes !

Parlant de manger, le livre est à 5 euros et permet aux Restos du Cœur d’offrir 4 repas.

Et il contient des nouvelles très réussies, comme…

« Les encapuchonnés », de Romain Puértolas, où un homme se plaint des gens qui se sont installés près de chez lui et qui ne sont pas conformes à sa vision du monde.

« Lobo », de Karine Giebel, une histoire forte qui nous plonge dans un coin du Brésil où des hommes se battent (littéralement) contre la déforestation ; parmi eux, Paulo Paulino Guajajara, qui n’est pas un personnage de fiction.

« La mèche est dite », de François d’Épenoux, qui fait parler quelqu’un que nous connaissons bien (et c’est tellement lui !) en le plaçant dans une situation assez particulière, et qui se termine par une chute (avec un rebond) très amusante.

« C’est ainsi que l’orange continue de bleuir », de Mohamed Mbougar Sarr (prix Goncourt 2021), une excellente nouvelle, originale et spirituelle, qui se situe à la fin du monde.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Lien : chez l’éditeur (et dans toutes les librairies).

(*) Signalons aussi La terre entre nos mains, de Thomas Pesquet, chez Flammarion (2022). En feuilletant ce beau livre, constitué des meilleures photos prises de l’espace par l’astronaute, il sera difficile de ne pas voir « la fragilité de la Terre et l’absolue nécessité de la protéger ». Les droits d’auteur sont reversés aux Restos du Coeur.

Récitatif

Toni Morrison, Récitatif, Christian Bourgois, 2022 (Morrison, 1983)

— Par Jacques Dupont

« Toni Morrison ne laissait rien au hasard », explique Zadie Smith, dans l’excellente postface de Récitatif : cette nouvelle a été spécifiquement conçue comme « l’expérience d’ôter tous les codes raciaux d’un récit concernant deux personnages de races différentes pour qui l’identité raciale est cruciale ».

Twyla et Roberta se rencontrent à l’orphelinat, pour une assez courte période de quatre mois. La mère de Roberta est malade. Celle de Twyla est trop occupée à danser pour garder sa fille auprès d’elle.

Twyla et Roberta : qui est Blanche ? ou Noire ? On ne peut s’empêcher de se poser la question, de tenter l’interprétation d’indices dont on ne pourra rien conclure, quelque attentive soit notre lecture. Nous ne pouvons les distinguer de « la seule façon que nous voulons vraiment ».

Twyla et Roberta se reverront à plusieurs reprises, à quelques années d’intervalle. A chaque fois, un même souvenir, quasi anecdotique, revient, s’affine et exaspère les retrouvailles des deux femmes : qu’en est-il de Maggie, une vieille femme, naine, muette. L’ont-elles vu chuter, dans le verger de l’orphelinat ?

Récitatif :  une déclamation musicale, chantée selon le rythme de la langue ordinaire et comprenant de nombreux mots sur la même note.

Écriture absolument remarquable, qui a résisté à la traduction grâce au talent de Christine Laferrière.

Catégories : Redécouvertes, Nouvelles et textes courts (U.S.A.). Traduction : Christine Laferrière.

Lien : chez l’éditeur.

La bataille

Sylvain Tesson, « La bataille », Le téléphérique, Gallimard, 2014 (Folio à 2 €)

Par Catherine Chahnazarian

— Dis-lui d’aller se faire foutre.
— Bien, Votre Altesse…
— Caulaincourt ?
— Sire ?
— Ajoute que je ferai des brochettes avec ses couilles.
— Oui, Sire.

Voilà comment commence « La bataille », ma préférée des six courtes nouvelles publiées sous le titre Le téléphérique.

Celui qui s’exprime aussi clairement, c’est Pavel Soldatov, un Russe des années 2010. Mais qui est ce Caulaincourt, alors ? Je vous laisse le découvrir… Vous verrez qu’on est dans l’Histoire, et surtout dans le burlesque.

La fluidité du style de Tesson n’est pas pour rien dans le plaisir qu’on prend à le lire, mais aussi le texte, qui déroute d’abord, réserve une surprise, s’éclaire alors et se développe avec un humour léger à la française, vif et coloré, cavalier, s’emballant comme un cheval au galop.

Et, vu ce qui se passe dans le monde, on peut prendre cette petite farce pour un joli clin d’œil à l’actualité !

J’ai adoré.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : Le téléphérique, c’est-à-dire le Folio à 2 euros. Le recueil complet, S’abandonner à vivre, en « Blanche » chez Gallimard et en Folio. Toutes nos critiques de Tesson (via le classement par auteur). Notre article sur Le téléphérique.

Le téléphérique

Sylvain Tesson, Le téléphérique, Gallimard, 2014 (Folio à 2 €)
(Les six courtes nouvelles qui composent ce petit volume sont extraites du recueil S’abandonner à vivre.)

— Catherine Chahnazarian

Outre « La bataille » (que j’ai adorée et critiquée ici), deux autres textes de ce volume amusant et bon marché se passent en Russie : « La ligne » et « L’ermite ».

« L’ermite » est une savoureuse nouvelle dans laquelle on voit un homme perdre la raison de façon très cocasse, et dans laquelle le narrateur jette sur les Russes un regard ethnologique pour le moins original. On sent qu’il y a du vécu là-dessous. C’est sans doute dans ce texte qu’apparaît avec le plus de clarté le goût prononcé de Sylvain Tesson pour la découverte de contrées lointaines et de leurs cultures, dont il parle avec l’humour et la franchise de celui qui assume qui il est sans se prendre au sérieux voire avec auto-dérision, ainsi que les opinions qu’il s’est forgées.

Dans « La ligne », deux hommes s’infligent une randonnée dans la neige. Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais ce n’est pas parce qu’ils ont « les flics au cul ».

« Le téléphérique » qui donne son titre au recueil et qui se passe à Zermatt (Suisse), commence avec une femme qui prépare son réveillon de Noël en écoutant des yodeleurs tyroliens, « ces chanteurs en short de cuir [qui ont] réussi l’exploit de traduire en musique la dégoulinade de la crème » !

Dans « La lettre » un Réunionnais facteur à Paris nous apprend ce que c’est vraiment qu’une lettre. On ne rit pas avec ces choses-là ! Enfin, si, un peu quand même.

« Le barrage » est un peu différente. Le narrateur voyage en Chine avec son épouse et se retrouve devant un paysage extraordinaire — qui devait être merveilleux quand il était ordinaire.

Six très agréables récréations. Et un peu plus que cela.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : Le téléphérique, c’est-à-dire le Folio à 2 euros. Le recueil complet, S’abandonner à vivre, en « Blanche » chez Gallimard et en Folio. Toutes nos critiques de Tesson (via le classement par auteur). Notre article sur « La bataille ».

La maison du ruisseau

Marie-Laetitia Gambié, La maison du ruisseau, Shortédition, 2012 (?)

— Une brève de Florence Montségur

Une jolie nouvelle, poétique, presque envoûtante d’insectes qui bourdonnent dans la cour ensoleillée.
Très de saison !

L’intimité d’un chez soi, sa complicité même… Et, peut-être, son ouverture à une nouvelle âme ?

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Lien : lire la nouvelle sur short-edition.com.

Le voyageur et le jardinier

— Par Florence Montségur

J’ai été charmée par ces deux courtes nouvelles publiées chez Shortédition. Jolies et émotionnantes, elles sentent le vrai et ont en commun le thème du père, la démarche du souvenir et le bonheur d’avoir aimé.

Le voyageur, d’Ariane Kainomyz, témoigne de l’équilibre positif d’une famille où, pourtant, on pourrait se croire malheureux. C’est tendre et généreux, et c’est triste sans l’être.

Chez mon père, de Viviane Clément, revisite un jardin qu’il fallait arroser avec un arrosoir trop lourd, sous les yeux attendris de celui qui savait comment planter, soigner et cueillir. Cette nouvelle simple, fluide, imagée, donne d’autant plus envie de retrouver de l’herbe verte, des fleurs colorées, de l’eau à la pompe…

N’oublions jamais d’aller voir ce que font les amateurs — parfois des merveilles — sur les sites où ils peuvent s’exprimer.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : Shortédition ; le concours de nouvelles de Shortédition.

Le monde d’après

Lufthunger Pulp n°1, « Le monde d’après », Lufthunger Club, 2022

— Par Marie-Hélène Moreau

Quelle bonne idée ! En ces temps où la nostalgie s’invite dans tous les domaines (le vintage dans la mode et la décoration, les tournées des stars des décennies passées, la série Stranger Things qui nous renvoie dans les années 80 pas si lointaines et pourtant…), deux passionnés d’écriture, récents créateurs du Lufthunger Club (accompagnement et conseil aux auteurs), ont conçu le projet fou de ressusciter les Pulps.

Les Pulps, ces magazines américains bon marché d’avant-guerre, faisaient la part belle aux auteurs de polar mais aussi de SF. Nombre d’auteurs parmi les plus connus du genre y ont publié leurs nouvelles avant de connaître la célébrité. Si les lois du marché les ont fait décliner puis disparaître, ils n’en restent pas moins cultes et c’est pour les faire revivre que le projet Lufthunger Pulp a vu le jour, respectant au plus près les codes du genre. Après un appel à textes et un financement participatif réussi, voici enfin le nouveau-né, et on ne peut que saluer l’initiative !

Dans ce premier numéro, 12 nouvelles autour du thème “Le monde d’après” sont publiées en doubles colonnes et sans illustration (peut-être la prochaine fois, nous dit-on, et ce serait bien). Le genre est clairement SF et, sans surprise, le “monde d’après” n’est guère idyllique… Vie virtuelle prenant le dessus sur la vie réelle, monde dévasté par la montée des eaux et livré aux trafics et autres monstres marins, intelligence artificielle ayant pris le pouvoir ou survie dans l’espace, il y en a pour tous les goûts dans ce premier numéro destiné, certes, aux amateurs du genre mais suffisamment attractif (jolie couverture et typo impeccable, format magazine pratique et textes accessibles) pour une première approche de lecteurs curieux de découverte.

Comme le dit si bien l’édito qui ouvre le numéro, “Les pulps sont morts, longue vie aux pulps!”.

Catégorie : Nouvelles et textes courts (revue française).

Liens : le club , le pulp.

À la récréation

À la récréation (coll.), Nouvelle Cité, 2022

— Une brève d’Anne-Marie Debarbieux

C’était le thème d’un concours littéraire organisé par les éditions Nouvelle Cité. Un petit recueil réunit les 4 lauréats.

Pas mal du tout ! Des textes bien écrits, intéressants, très divers. J’ai pris un réel plaisir à cette lecture qui constitue en quelque sorte… une récréation entre des lectures plus denses et plus longues.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : chez l’éditeur.

Desperate ménagère de + 50 ans

Anne Noblot-Miaux, Desperate ménagère de + 50 ans, The book edition, 2016

— Par Anne-Marie Debarbieux

Un coup de cœur pour ce petit recueil sans prétention de 25 nouvelles dont j’ai croisé l’auteure par hasard dans un salon du livre. Des textes courts, qui racontent des choses de la vie, des histoires de gens ordinaires. C’est bien écrit, souvent drôle, tantôt touchant voire émouvant, mais jamais mièvre, tantôt ironique voire percutant, mais jamais méprisant. Les registres et tonalités sont variés, le regard est souvent amusé, lucide mais bienveillant. Ainsi va la vie ! L’auteure ne traque que la bêtise et les préjugés et elle ne donne de leçon à personne. Bref, cela sonne juste parce que c’est très humain ! Par exemple, la description apocalyptique des courses à l’hypermarché (qui évoque l’humour irrésistible de certains sketches d’Anne Roumanoff), ou celle de l’ado qui prend naïvement son premier émoi pour le grand amour, ou encore l’évocation de la mère de famille qui attend vainement des compliments pour le repas qu’elle s’est donné tant de mal à préparer.

On peut penser que la carrière d’Anne Noblot-Miaux, effectuée dans l’univers médical, lui a permis de rencontrer beaucoup de gens très différents qui ont pu constituer un terreau fertile pour lui inspirer quelques traits de ses personnages ! Encore faut-il s’intéresser vraiment aux gens ordinaires pour braquer avec bonheur les projecteurs sur eux le temps d’une histoire fictive de quelques pages !

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : chez l’éditeur.

Et vous avez eu du beau temps ?

Philippe Delerm, Et vous avez eu beau temps ? La perfidie ordinaire des petites phrases, Seuil, 2018

— Une brève d’Anne-Marie Debarbieux

« Je me suis permis », « Ca r’pousse pas ! », « J’dis ça, j’dis rien », « En même temps, je peux comprendre ». Qui peut prétendre ne jamais prononcer ces mots ?

Savoureux, ce recueil de textes courts qui explore quelques-unes de ces phrases et formules qui émaillent facilement nos conversations. Anodines ? Sans arrière-pensée ? Pas toujours si sûr.

C’est drôle, c’est fin, c’est bien vu ! C’est du  très bon Delerm, à déguster.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : chez l’éditeur.

13 à table ! (Hiver 2021-2022)

Restos du Cœur, 13 à table !, Pocket, 2021

Treize à table, en gardant ses distances, ça fait une grande table… Mais à l’impossible, cherchons des solutions. Les tables virtuelles sont bof-bof, mais si j’apporte ma table, que toi aussi tu apportes ta table, et que quelqu’un d’autre encore apporte une table, il y aura moyen de faire de la place pour tout le monde. Ça vous paraît compliqué ou bizarre ? D’accord, laissons faire les Restos du Coeur pour ce qui est de jouer avec les tables et faisons ce que nous savons faire : achetons des livres. Achetons tous le même, cette semaine : celui-ci. Parce que si on ajoute un livre à livre et puis encore un livre, etc., ça fera une belle table. Pour treize. Pour treize cents. Pour treize mille…

Comme c’est marqué en grand, 1 livre = 4 repas. On pourrait même dire 5, le cinquième étant pour vous, qui lirez, au milieu des nouvelles de Tonino Benacquista, Françoise Bourdin, Marina Carrère d’Encausse, Jean-Paul Dubois, François d’Epenoux, Karine Giebel, Marie-Hélène Lafon, Alexandra Lapierre, Agnès Martin-Lugand, Étienne de Montety, François Morel, Romain Puértolas, Tatiana de Rosnay et Leïla Slimani, une recette de Cyril Lignac.

Car au thème des meilleurs souvenirs de vacances, Cyril Lignac répond « poulet rôti à l’origan frais et au citron ». Miam !

Que tout le monde mange !

Vous trouverez 13 à table ! dans toutes les librairies pour 5 euros seulement.

Catégorie : Nouvelles.

Liens : chez l’éditeur. Tous nos articles sur cette publication annuelle sont disponibles à la rubrique « Restos du coeur« .

À travers Coline

Marianne Ajac, À travers Coline et autres textes courts, short-edition.com, 2021

— Une brève de Florence Montségur

Dans Canicule et Heket et Tara (à lire dans cet ordre), des situations familières s’inscrivent dans le climat du futur. H. et Marie-Mercredi raconte une étrange rencontre… Mais ma préférée est À travers Coline. Le talent de l’autrice s’épanouit dans cette variation poétique et symbolique sur l’âme.

À découvrir si vous aimez le court, la poésie et le surréalisme.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : Les textes de Marianne Ajac sont regroupés ici sur short-edition.com.

Cabines

Gilles Vincent, Cabines, Les cahiers de Parole, 2021

— Une brève de Jacques Dupont

« Un homme se trouve enfermé dans une cabine téléphonique. » Je n’en dirai rien de plus, sinon que « ça » fait 32 pages, coûte 4 euros et les vaut largement.

Je vous recommande donc de vous rendre sur le site des éditions Parole, où la démarche de l’éditeur est explicitée : publier des textes courts, d’auteurs confirmés ou pas, voire jamais publiés, un seul texte par cahier… De quoi oser lire, sans risque excessif, un auteur ou un genre hors de ses habitudes de lecture.

La démarche m’est éminemment sympathique, raison de ce court partage.

Catégorie : Nouvelles et textes courts.

Liens : chez l’éditeur.

Chaque automne, j’ai envie de mourir

Véronique Côté et Steve Gagnon, Chaque automne, j’ai envie de mourir, Hamac, 2012

— Par Brigitte Niquet

Voilà un livre qui ne ressemble à aucun autre, une espèce d’OVNI totalement inclassable, ce qui fait partie de son charme.  Disons, pour simplifier, que c’est un recueil de textes courts qui nous vient du Québec, pas vraiment des nouvelles ni rien qu’on puisse ranger dans des cases, mais du même coup, l’ensemble se prête très bien à diverses utilisations dont la mise en voix (les deux co-auteurs sont metteurs en scène et comédiens, il doit y avoir une relation de cause à effet !). Il s’intitule Chaque automne, j’ai envie de mourir – le titre déjà n’est pas banal. Le contenu non plus.

D’abord, les auteurs n’en sont pas vraiment (ils tiennent à le préciser), car ils se sont « limités » à susciter et collecter des témoignages, des histoires de vie, et à les transformer en chapitres de livre, avec un gros coup de pouce à l’écriture, qui n’était pas la préoccupation première des primo-écrivants. Et donc ça foisonne, ça bouillonne, ça parle de nous, ça parle de vous et, outre les lecteurs purs et durs, les metteurs en  scène ont trouvé là un terreau fertile, qui a  déjà donné lieu à plusieurs spectacles théâtraux et à des « lectures-spectacles » lors des festivals antérieurs à la COVID. Pour y avoir assisté, je peux garantir qu’il y a eu beaucoup de rires, quelques larmes et que nombreux sont ceux qui se sont précipités pour acheter le livre. Il n’en restait plus un seul quand j’ai quitté les lieux.

Ajoutons que ces tranches de vie sont d’une sincérité absolue, parfois tendres, souvent violentes – car la vie est violente, préparez vos mouchoirs pour certaines scènes – et, pour le lecteur français, bénéficient entre autres de  l’originalité du langage. On le sait, bien que francophone, le Québec a de nombreuses particularités d’expression, souvent très colorées, qui émaillent les textes et leur donnent une étonnante saveur. C’est parfois déroutant mais toujours compréhensible, et contribue, bien sûr, au dépaysement créé par ce livre. Tabernacle, que demander de plus ?

Catégorie : Nouvelles et textes courts (Québec).

Liens : chez l’éditeur.

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑