Toni Morrison, Récitatif, Christian Bourgois, 2022 (Morrison, 1983)
— Par Jacques Dupont
« Toni Morrison ne laissait rien au hasard », explique Zadie Smith, dans l’excellente postface de Récitatif : cette nouvelle a été spécifiquement conçue comme « l’expérience d’ôter tous les codes raciaux d’un récit concernant deux personnages de races différentes pour qui l’identité raciale est cruciale ».
Twyla et Roberta se rencontrent à l’orphelinat, pour une assez courte période de quatre mois. La mère de Roberta est malade. Celle de Twyla est trop occupée à danser pour garder sa fille auprès d’elle.
Twyla et Roberta : qui est Blanche ? ou Noire ? On ne peut s’empêcher de se poser la question, de tenter l’interprétation d’indices dont on ne pourra rien conclure, quelque attentive soit notre lecture. Nous ne pouvons les distinguer de « la seule façon que nous voulons vraiment ».
Twyla et Roberta se reverront à plusieurs reprises, à quelques années d’intervalle. A chaque fois, un même souvenir, quasi anecdotique, revient, s’affine et exaspère les retrouvailles des deux femmes : qu’en est-il de Maggie, une vieille femme, naine, muette. L’ont-elles vu chuter, dans le verger de l’orphelinat ?
Récitatif : une déclamation musicale, chantée selon le rythme de la langue ordinaire et comprenant de nombreux mots sur la même note.
Écriture absolument remarquable, qui a résisté à la traduction grâce au talent de Christine Laferrière.
Catégories : Redécouvertes, Nouvelles et textes courts (U.S.A.). Traduction : Christine Laferrière.
Lien : chez l’éditeur.
Votre commentaire