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Littérature française
Par Anne-Marie Debarbieux
L’autrice a rencontré Gabrielle au cours d’une séance de signatures dans un salon du livre. Elles ont sympathisé, et Gabrielle lui a révélé son métier, peu connu et encore entouré de tabous. Elle est thanatopractrice, c’est-à-dire celle qui prend soin des corps des personnes décédées.
En quête de sens, Gabrielle a abandonné une profession plus gratifiante socialement pour se consacrer aux morts. Son métier est d’être là quand la catastrophe a eu lieu. Il commence quand tout finit. C’est sa manière d’accompagner les vivants. Sa compétence consiste à montrer l’image définitive du défunt, celle que les proches garderont, sans la nier, sans la cacher, mais sous l’angle le plus fidèle et le plus humain possible. Non, elle n’a pas de problème avec ce métier qu’elle a donc choisi, non, elle n’a pas un tempérament morbide, au contraire elle contribue à adoucir la séparation définitive. Elle aide ceux qui restent à en accepter la réalité et à garder une image la plus belle et la plus juste possible de ceux qui s’en vont. C’est un métier qui a du sens.
Ce livre très court, à la fois intimiste et émaillé de réflexions plus générales, alterne les conversations entre Gabrielle et Amandine Dhée et des passages consacrés à la vie de l’autrice, à sa vie de maman, à ses questionnements. Il n’est pas triste car la gravité du sujet n’exclut pas l’humour et la sérénité. Il est humain avant tout et nous dévoile une profession qui reste dans l’ombre et suscite une certaine répulsion, même si nous sommes en admiration devant les momies égyptiennes qui nous rappellent que le soin des morts ne date pas d’aujourd’hui.
Amandine Dhée a obtenu pour ce livre le prix « Talents de femmes » de l’association Soroptimist de Béthune.
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Amandine Dhée
Sortir au jour
Éditions La Contre Allée
2023
De la même autrice, notre critique de La femme brouillon.

