Norferville

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Policiers et thrillers
Par Sylvaine Micheaux

Comme toujours, Thilliez nous emmène dans un thriller haletant, mais avec un nouveau duo d’enquêteurs et dans un tout nouvel environnement… Passionnant.

Teddy, criminologue à Lyon apprend que sa fille Morgane, dont il avait très peu de nouvelles, a été retrouvée sauvagement assassinée dans le grand Nord québécois, sur le chemin d’une réserve indienne, à Norferville, une petite ville perdue près du cercle polaire, au milieu de nulle part. Il va décider d’aider l’enquêtrice Léonie, métisse innue, qu’on oblige à retourner dans sa ville natale dont elle n’a quasi gardé que des souvenirs effroyables. Un roman dur, mettant à jour l’âpre vie des innus amérindiens, les injustices et la violence dont ils sont victimes. Tout le contexte est vrai, même si l’histoire, les personnages et la ville sont fictifs : de nombreuses enquêtes sont actuellement ouvertes par le gouvernement québécois pour dénoncer les souffrances et discriminations contre les peuples premiers.

En cas de canicule, ce roman vous permettra en plus de vous plonger dans un bain de fraicheur à -40 °C.

*

Franck Thilliez
Norferville
Fleuve éditions
2024

Toutes nos critiques de Thilliez sont accessibles à la lettre T du classement par auteur.

Les femmes du North End

Katherena Vermette, Les femmes du North End, Albin Michel, 2022

— Par Catherine Chahnazarian

Des Indiens ont quitté leurs réserves et se sont installés en ville. Autochtones ou métis, ils portent une carte les identifiant comme tels, ce qui leur assure certains droits mais ne leur garantit pas la paix. L’ordinaire des personnages de cette histoire est partagé entre des amitiés et des liens familiaux très forts, et des conditions de vie pas toujours très confortables, avec les effets en chaîne que l’on connaît : un malheur, la drogue, la délinquance, et plus de malheurs.

Le roman de Katherena Vermette, en développant une intrigue en partie policière (un événement, une enquête), nous plonge dans une ambiance singulière et dépaysante – pour nous qui ne sommes pas Canadiens –, mais universelle : ce que c’est qu’être une femme dans un monde dur, la nécessité de supporter les violences, la méfiance envers les hommes, la difficulté d’échapper à sa condition.

Les chapitres adoptent à tour de rôle le point de vue des différents personnages (essentiellement des femmes mais pas seulement), chacun délivrant sa part de l’histoire et la faisant avancer, et puisant de la force dans ses souvenirs. D’où d’intéressants flash-back grâce auxquels se reconstituent les liens familiaux et les amitiés de longue date, les accidents de vie expliquant les actions ou les réactions. Et si certaines sont prévisibles, dans les faits ou la psychologie des personnages, la tension dramatique ne faiblit pas et l’on est sans cesse plus désireux de savoir ce que l’autrice va faire de tous ces caractères dans les circonstances qu’elle a mises en place. La part policière participe de cette attente : à quoi le vieux et le jeune flic aboutiront-ils ? Les victimes pourront-elles se reconstruire ?

Un beau et habile roman sur les femmes, l’appartenance, la violence (sexuelle en particulier) et la puissance de l’amour intrafamilial.

Catégorie : Littérature anglophone (Canada). Traduction : Hélène Fournier.

Lien : chez l’éditeur.

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