Les Terres animales

—————————

Littérature française
Par Marie-Hélène Moreau

Laurent Petitmangin avait su largement séduire avec Ce qu’il faut de nuit, récit bref et dépouillé d’un père élevant seul ses deux fils. Premier roman couronné à juste titre de plusieurs prix et traduit dans de nombreuses langues, il révélait un talent certain de l’auteur pour la description brute de ses personnages.

Ici, quatre personnages principaux qui ont décidé contre vents et marées de rester vivre sur leurs terres dévastées par un accident nucléaire. La zone a été évacuée, fermée, les autorités ont tout tenté pour convaincre les derniers récalcitrants de fuir, avant de les laisser à leur sort, se contentant de faire survoler la zone par des drones au cas où. À l’extérieur, la vie semble avoir repris son cours. Le récit alterne les points de vue de deux des protagonistes, leurs espoirs malgré une issue fatale et probablement rapide, leur lutte pour survivre au quotidien et garder un tant soit peu de joie, leurs relations avec quelques voisins eux aussi restés là et, en creux, la folie qui guette.

Récit post-apocalyptique centré sur la résilience humaine, l’histoire est certes dans l’air du temps. L’ensemble aurait pu être profond et puissant, mais j’ai peiné à entrer dans le jeu. Passons sur le caractère plus ou moins vraisemblable de la situation – après tout, n’est-ce pas tout l’intérêt de la littérature que de nous entraîner parfois hors du réalisme ? -, le problème est plutôt du côté de ces personnages dans lesquels j’ai eu du mal à me projeter, les confondant presque par moment. Sans doute manquent-ils de profondeur, eux ou les interactions entre eux. Bref, l’attachement n’a pas opéré sur moi cette fois. C’est bien dommage. J’attends le suivant !

*

Laurent Petitmangin
Les Terres animales
Éditions La manufacture de livres
2023

Ce qu’il faut de nuit

Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit, La Manufacture de livres, 2020

— Par François Lechat

Ce premier roman, bref et tranchant, fait entendre une voix singulière, socialement située. La voix d’un père qui élève seul ses deux enfants, en Lorraine, dans un milieu modeste où l’on se tient les coudes et on garde la tête haute en allant voir l’équipe locale de foot. Car aux alentours rôdent le chômage, le déclin des idéaux de gauche et les petites mains de l’extrême droite.

Comment tenir debout quand un de ses enfants dévie, trahit les valeurs qu’on lui a inculquées, fait ressentir de la honte mais reste un fils malgré tout, qu’à défaut d’encore aimer il faut protéger, à moins que ce ne soit l’inverse ? Laurent Petitmangin rend ce quotidien et ces tourments de manière sobre et sensible, à l’aide d’un récit à la première personne qui sonne très juste, dans le ton comme dans la langue et le lexique. Âmes sensibles ne pas s’abstenir.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur.

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑