Neurosapiens

————————–

Essais, Histoire…
Par Florence Montségur

J’avais vraiment envie de bien aimer ce livre. Et ça avait bien commencé, malgré le ton un peu infantilisant de l’autrice. Qu’elle ait décidé de prendre son lecteur par la main, introduction/développement/conclusion, illustrations sympathiques, touches d’humour… Je pouvais comprendre. Qu’elle soit passionnée par les neurosciences, qu’elle soit fascinée par des expériences sur le cerveau, qu’elle cherche des réponses à des « pourquoi » et à des « comment », je comprenais. Mais à la longue, ça a fini par m’énerver. Limites de la vulgarisation ou limites des neurosciences ? J’ai été de plus en plus gênée par l’enfonçage de portes ouvertes (1), les raisonnements qui se mordent la queue (2), les conclusions suspectes (3) ou les expériences qui portent des jugements de valeur (4).

Exemples :
(1) Ça fait des millénaires qu’on sait qu’il faut répéter pour apprendre, et savoir comment ça fonctionne dans nos cerveaux n’aide pas les enseignants à convaincre les jeunes qui ne jurent que par TikTok à apprendre les conjugaisons.
(2) L’imagerie médicale a prouvé que les psychopathes sont… des psychopathes.
(3) L’imagerie médicale désignerait les zones du cerveau qui « déclenchent » les rêves, alors que tout ce que l’on sait c’est que ces zones sont actives quand on rêve.
(4) Dans une expérience sur la décision, on appelle « bonne décision » le fait d’accepter de l’argent dans un partage injuste.

Le cerveau, c’est enthousiasmant, mais il faut raison garder. Ce n’est pas une machine qu’on aurait dans la tête et qui serait plus ou moins bien réglée. Mieux vaut ne pas travailler sur le cerveau sans les philosophes.

Ah ! oui. Avis aux éditeurs : Même s’il est chic en bleu et orange, était-il nécessaire que ce livre pèse 700 grammes ?

*

Anaïs Roux
Neurosapiens
dessins de Lucie Albrecht
Éditions Les Arènes
2023

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑