Hommage à David Lodge (1935-2025) – 1
C’est avec tristesse que nous avons appris la mort de David Lodge, un auteur merveilleux par sa drôlerie, son intelligence et sa culture, ses formidables compétences littéraires, son sens de l’observation, son humanité. Professeur de littérature, il est connu autant pour son approche théorique de cet art qui ne peut se contenter d’inspiration que pour son œuvre propre : de nombreux romans mais aussi du théâtre et, bien sûr, des essais.
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Nouvelles et textes courts (Grande-Bretagne)
Par Florence Montségur
Le recueil paru en 1997 contient 6 nouvelles. Il y en a 8, si je comprends bien, dans l’édition de 2019 que je ne possède pas. Ceux qui ne connaissent pas David Lodge y découvriront son talent, son humour, sa sensibilité. Je leur conseille – je conseille à tous – de lire l’introduction après coup, pour l’apprécier d’autant mieux. David Lodge y explique, pour chaque nouvelle, le contexte d’écriture, l’inspiration, le thème, une anecdote. Ceux qui ont lu Lodge mais ne connaissent pas ces nouvelles s’amuseront à faire des liens au sein de son œuvre.
« Sous un climat maussade » (1987)
Deux jeunes couples d’Anglais, sages comme il le faut dans les années 1950 avant le mariage, passent des vacances au soleil qui rendent la tension sexuelle insupportable. Le feront-ils ou ne le feront-ils pas ? On souffre pour eux.
« Mon premier job » (1980) – ma préférée
Le premier job, dans une gare londonienne, d’un jeune homme qui deviendra professeur de sociologie. Une autre vision des années 1950 à travers un petit emploi comme on n’en fait plus — quoique, non, je retire ce que je viens d’écrire, c’était complètement con.
« L’hôtel des Paires et de l’Impair » (vers 1985)
David Lodge déroule ici son art de la mise en abîme. C’est très habile. Et cela se moque – oserais-je dire – de la raideur anglaise, à une époque où, à la Côte d’Azur, la pudeur répondait à d’autres codes…
« L’homme qui ne voulait plus se lever » (hiver 1965-1966)
Une idée simple : un homme refuse un matin de sortir de son lit. Les conséquences aux plans familial, financier, spirituel, médical… sont logiques mais, en même temps, qui d’autre pour écrire un truc pareil ? Vous méditerez sur la fin – ou pas, selon la dépressivité de votre propre état.
« L’avare » (années 1970)
En quelques phrases, Lodge pose un décor précis. Images évocatrices de l’immédiat après-guerre, traits de l’enfance, personnalité du principal protagoniste, tout est ciselé en deux temps trois mouvements. La fin n’est pas drôle, mais jusque-là, la plongée est si profonde qu’on n’en veut pas à l’auteur.
« Pastorale » (1992 ?)
Un adolescent met en scène une Nativité pour le club de jeunes de la paroisse et ses motivations ne sont ni religieuses ni littéraires. Les thèmes de cette amusante nouvelle sont l’attirance sexuelle et le préjugé social.
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À lire en anglais si vous le pouvez. Mais la traduction française de Suzanne V. Mayoux chez Rivages (poche) est vraiment excellente.
L’éditeur renseigne ici toutes les œuvres de David Lodge traduites en français.