Claire Berest, Rien n’est noir, Stock, 2019
Par Sylvaine Micheaux.
Dire que j’ai aimé est un moindre mot. J’ai adoré, vibré comme lorsque j’ai fait la découverte de Frida Kahlo, il y a plusieurs années, au Musée d’Art moderne de Villeneuve d’Ascq.
Claire Berest nous offre un roman biographique de Frida Kahlo, mais un roman. Époustouflant, vif et coloré. Chaque partie est nommée par une couleur primaire, chaque chapitre est une déclinaison de cette couleur.
Le bleu, l’enfance de Frida au Mexique, le père photographe, l’accident de bus qui va la laisser broyée, les multiples opérations et les premiers autoportraits d’elle allongée des mois sur son lit, le corps serré dans un corset, immobile et peignant son image réfléchie par un miroir fixé sur le ciel de lit. Et la rencontre orchestrée par ses soins avec Diego Rivera, le plus grand peintre muraliste du Mexique.
Le rouge, les années américaines, l’amour passion, l’amour fou, malgré d’innombrables infidélités, entre Diego, cet ogre à tête de crapaud, brillant, qui séduit toutes les femmes, et cette jeune femme, fragile mais avec un caractère bien trempé, boitant, vêtue de tenues ancestrales mexicaines, qui peint sa vie, ses rêves et le plus souvent ses souffrances.
Le jaune, la notoriété de Frida qui s’amplifie dans le monde, les expositions, le trop plein de fêtes et d’alcool et les douleurs, de plus en plus écrasantes, physiques et morales, jusqu’au gris et au noir final.
Ce roman respire Frida Kahlo, sa fougue, son énergie, ses souffrances, son amour fou, ses couleurs, son Mexique. C’est une magnifique biographie et une très belle approche de sa peinture et des fresques de Rivera, par le prisme de la couleur – tellement présente dans ses œuvres – et de la passion. Mais j’ai conscience que ce prisme pourrait déplaire à certains, qu’il s’agit peut-être d’un roman plus féminin que masculin.
Catégorie : Littérature française (roman biographique).
Liens : chez l’éditeur ; un article du Monde diplomatique, un autre sur CAIRN.