Les romans préférés de Geneviève (avril 2022)

— Super-brèves de Geneviève Petit

Je vous livre en vrac quelques titres et commentaires sur mes dernières lectures (celles que j’ai aimées).

L’ami arménien d’Andreï Makine (Grasset, 2021)

Une histoire d’amitié entre deux adolescents, en Sibérie avant la chute du mur. Avec Vardan et sa famille, cet adolescent orphelin va découvrir la tendresse et les premiers émois.

Tout peut s’oublier d’Olivier Adam (Flammarion, 2021 – paru en J’ai lu)

Nathan vient chercher son fils chez son ex-femme et découvre un appartement vide. Incompréhension et panique. Il part à leur recherche au Japon, où les droits de garde ne sont pas les mêmes qu’en France.

Âme brisée d’Akira Mizubayashi (Gallimard, 2019)

C’est l’histoire du violon de Yu Mizusawa, qui a été victime de la barbarie nippone en 1938. Très belle histoire.

La patience des traces de Jeanne Benameur (Actes Sud, 2022)

Un bol cassé projette Simon (psychanalyste) dans son passé. Départ vers le Japon. C’est une sorte de quête initiatique. Très bien écrit et apaisant.

Numéro deux de David Foenkinos (Gallimard, 2021)

Numéro deux décrit la douleur de celui qui n’a pas été choisi pour interpréter le rôle d’Harry Potter au cinéma. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les volumes de H. P. pour aimer le livre (je ne suis pas fan du tout).

Catégorie : Littérature française.

Liens : Vous trouverez sur la ligne de titre, pour chaque livre, le lien vers la maison d’édition.
Pour L’ami arménien, voir aussi l’article de Catherine.
Pour Tout peut s’oublier, voir aussi l’article de Brigitte.
Les romans préférés de Geneviève, version mai 2019.

La famille Martin

David Foenkinos, La famille Martin, Gallimard, 2020

— Par Anne-Marie Debarbieux

En mal d’inspiration, un romancier, qui est aussi le narrateur, décide un soir de s’en remettre au hasard et de faire, dès le lendemain matin, de la première personne qu’il rencontrera dans la rue, le personnage principal de son nouveau livre. Le sort tombe sur Madeleine, une octogénaire qui traverse la chaussée avec son panier à provisions. Une fois l’ahurissement passé et la confiance établie, plutôt flattée, elle accepte volontiers de raconter sa vie à l’écrivain. Rapidement, la fille de Madeleine, qui reste sur ses gardes devant ce projet pour le moins surprenant, exige d’y être associée ainsi que son mari et ses enfants. Quatre personnages imprévus s’imposent donc à l’auteur en quête de récits de vie, qui dispose alors, non d’un mais de cinq futurs personnages, plus ou moins loquaces, plus ou moins réticents, et dont l’existence est plus ou moins intéressante. Son enquête se révèle de ce fait plus variée qu’il ne l’avait prévu puisqu’elle touche une dame âgée, un couple de quadragénaires et deux ados, et qu’elle le fait voyager jusqu’à New York.

La méthode pratiquée ne se veut ni celle d’un enquêteur, ni celle d’un psy, elle s’apparente à l’art, si français, de la conversation.

L’idée est originale et le personnage principal est évidemment l’écrivain lui-même, qui entre dans d’autres vies que la sienne, parfois avec bonheur, parfois avec maladresse, mais révèle, si nous n’en étions pas convaincus, que la vie la plus banale en apparence a ses faces cachées, ses secrets, ses non-dits, ses phases de haute ou basse tension. Elle met en lumière aussi le fait que mettre des mots sur ce qu’on vit déclenche parfois un tournant inattendu. Parler, même à un inconnu, n’est jamais neutre. L’expérience de la parole fait évoluer tous les personnages y compris le narrateur lui-même.

Je me suis vraiment laissé prendre au jeu de ce roman dont le héros est lui-même un romancier en quête de personnages, et si l’on y retrouve quelques situations un peu burlesques qu’affectionne Foenkinos, il évite le piège de la mièvrerie et suggère aussi une réflexion intéressante sur la création littéraire.

Ce roman n’est pas sans évoquer bien sûr la pièce de Pirandello (Six personnages en quête d’auteur) et l’essai de Mauriac (L’auteur et ses personnages).

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur.

Deux soeurs

David Foenkinos, Deux soeurs, Gallimard, 2019

Par Brigitte Niquet.

Un énième livre sur les tourments de la passion amoureuse non partagée ou détruite par un accident de la vie (comme dans La délicatesse, qui assura le succès de son auteur pour des décennies) s’imposait-il vraiment ? Pas sûr. Même si David Foenkinos sait y faire, 90 pages avec pour seul sujet la détresse de Mathilde, brutalement quittée par son amant alors qu’elle se croyait en pleine idylle et pensait déjà mariage et enfant, c’est beau, mais c’est long. La jeune femme, assommée, s’éloigne de ses amis, renie son métier d’enseignante, qu’elle adorait, et s’enfonce dans la dépression et la solitude, malgré le soutien de sa voisine psychiatre et du proviseur de son lycée. OK, on compatit, mais le propre de ce genre de situation étant que la personne tourne en rond dans un univers clos, le lecteur finit par trouver ça un peu fastidieux.

C’est là que, pour les 90 autres pages, entre en scène Agathe, la sœur de Mathilde, qui prend les choses en main et invite sa frangine à partager pendant un temps le petit appartement qu’elle occupe avec son mari et son bébé, Lili. On imagine sans peine que la cohabitation dans un espace restreint ne va pas être facile, d’autant que les deux sœurs ont derrière elles… un certain contentieux. Ҫa se passe plutôt mal, en effet, du moins du côté de Mathilde car Agathe dégouline de bons sentiments et de désir de bien faire. Mais on pressent que ça va mal finir et, en effet ça finit mal, plus mal qu’on ne pouvait l’imaginer car le dénouement dramatique, peu crédible, semble artificiel, et le retour à une vie idyllique aussi.

Si vous êtes un fan inconditionnel de l’auteur et dans ce cas seulement, n’hésitez pas à vous jeter sur ce livre, mais même les fans inconditionnels conseillent : « Relisez plutôt Charlotte… ».

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur.

Vers la beauté

David Foenkinos, Vers la beauté, Gallimard, 2018

Par Anne-Marie Debarbieux.

Qui est finalement le principal personnage de cette histoire ? Antoine, professeur d’histoire de l’art, brillant et apprécié, qui doit quand même avoir une sérieuse raison pour abandonner d’un jour à l’autre ses étudiants et postuler à la fonction de simple gardien de salle de musée ?

Le lecteur pressent bien sûr un drame personnel dans la vie d’Antoine quand l’action est soudain relancée dans une autre direction avec l’apparition d’un second personnage qui éclipse momentanément Antoine et accapare alors tout notre intérêt et touche notre sensibilité.

Les destins se croisent évidemment et à la suite de Mathilde, DRH au musée d’Orsay qui s’attache aux pas d’Antoine, on découvre que sa décision insensée avait bien un sens.

L’art guérit-il les blessures et la contemplation de la beauté peut-elle être un exutoire à une situation traumatisante ?

Ce roman n’est sans doute pas le meilleur de Foenkinos, ce qui ne signifie pas qu’il soit médiocre. Il se lit avec plaisir, sa construction est assez originale et il aborde avec délicatesse et humanité un thème qui ne peut laisser indifférent.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur.

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