David Foenkinos, Deux soeurs, Gallimard, 2019
Par Brigitte Niquet.
Un énième livre sur les tourments de la passion amoureuse non partagée ou détruite par un accident de la vie (comme dans La délicatesse, qui assura le succès de son auteur pour des décennies) s’imposait-il vraiment ? Pas sûr. Même si David Foenkinos sait y faire, 90 pages avec pour seul sujet la détresse de Mathilde, brutalement quittée par son amant alors qu’elle se croyait en pleine idylle et pensait déjà mariage et enfant, c’est beau, mais c’est long. La jeune femme, assommée, s’éloigne de ses amis, renie son métier d’enseignante, qu’elle adorait, et s’enfonce dans la dépression et la solitude, malgré le soutien de sa voisine psychiatre et du proviseur de son lycée. OK, on compatit, mais le propre de ce genre de situation étant que la personne tourne en rond dans un univers clos, le lecteur finit par trouver ça un peu fastidieux.
C’est là que, pour les 90 autres pages, entre en scène Agathe, la sœur de Mathilde, qui prend les choses en main et invite sa frangine à partager pendant un temps le petit appartement qu’elle occupe avec son mari et son bébé, Lili. On imagine sans peine que la cohabitation dans un espace restreint ne va pas être facile, d’autant que les deux sœurs ont derrière elles… un certain contentieux. Ҫa se passe plutôt mal, en effet, du moins du côté de Mathilde car Agathe dégouline de bons sentiments et de désir de bien faire. Mais on pressent que ça va mal finir et, en effet ça finit mal, plus mal qu’on ne pouvait l’imaginer car le dénouement dramatique, peu crédible, semble artificiel, et le retour à une vie idyllique aussi.
Si vous êtes un fan inconditionnel de l’auteur et dans ce cas seulement, n’hésitez pas à vous jeter sur ce livre, mais même les fans inconditionnels conseillent : « Relisez plutôt Charlotte… ».
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
Je l ai commencé et je suis surprise par l ecriture froide et mecanique du recit , phrases et chapitres courts , l auteur qui se sent obligé de mettre des rajouts d explications en bas de page; je ne ressens d empathie pour aucun des personnages même pour la pauvre Mathilde abandonnée . Je vais le terminer mais uniquement par curiosité.
Je ne prétendrai évidemment pas que ce roman soit le meilleur de Foenkinos, tant sans faut, mais je l’ai quand même lu avec plaisir. Oui, bien sûr c’est le énième livre sur le sujet, oui d’accord aussi avec Brigitte sur le dénouement assez artificiel, encore qu’on puisse le pressentir quand même.
Effectivement on n’éprouve guère d’empathie pour le personnage principal, mais justement ça ne dégouline pas de pathos et c’est ce que j’ai aimé. Moins que la relation complexe entre les 2 soeurs, ce qui m’a intéressée c’est la mise en évidence de la difficulté à aider quelqu’un qui va très mal, quand on lui renvoie l’image de tout ce dont il est exclu. Dans ce petit appartement où il est difficile de garder chacun son intimité, Mathilde partage la vie d’un couple heureux dans une vie de famille plutôt réussie, et les meilleures intentions (parfois maladroites mais pas toujours!) se retournent contre ceux qui les mettent en oeuvre car leur équilibre et leur entente les discrédite. L’affection et la bonne volonté ne suffisent pas à aider la jeune femme anéantie. La reconstruction n’est pas seulement une affaire de main tendue par des proches. Et la victime peut se révéler bourreau.
Rien de nouveau là non plus, pas de révélation, mais Foenkinos a réussi quand même à m’intéresser à cette histoire.