Noël 2020 – Quels livres offrir ? Quelques conseils pour ne pas vous tromper

— Par Florence Montségur

Offrir un livre, oui, mais attention ! Par les temps qui courent, mieux vaut marcher sur des oeufs.

D’ailleurs, commençons par les livres de cuisine. Quelle abondance de recettes véganes ou minceur ! Évitez. Quand on est confiné, on bouge moins, on prend du poids… Ne prenez pas le risque de le/la vexer. Offrez-lui un livre de chef ou de cheffe, comme le tout récent livre d’Hélène Darroze ou celui de Stéphanie Le Quellec.

Attention aussi aux beaux-livres. En particulier ceux dont on lit surtout les images (!) et qui nous vantent la beauté de paradis sur Terre (ou ne serait-ce qu’en France)… paradis qu’on n’aura pas de si tôt la possibilité de visiter. Réservez les beaux-livres aux optimistes ! Par exemple Wildlife Photographer of the Year 2020, belle édition des 100 meilleures photographies de la nature sauvage sélectionnées par le jury du concours du même nom (Londres). Ci-dessus, « L’étreinte », de Sergey Gorshkov (tigresse de Sibérie). Nous, nous n’en sommes pas encore là, mais peut-être que dans quelque temps…

Méfiez-vous également des livres supposés correspondre à ses goûts. Elle aime la danse, oui, mais un livre sur la danse lui rappelle que ses pointes sont au clou parce que l’école est fermée. Ne retournez pas le couteau dans la plaie. Surtout que quand elle fait des entrechats dans l’appartement, les voisins du dessous rouspètent. Proposez aux jeunes ce livre sur Matisse qui les encouragera peut-être à peindre et à faire de savants collages. À partir de 8 ans. Les voisins du dessous devraient vous remercier.

Pour les intellectuels, il y a beaucoup de biographies de qualité qui sont sorties cette année. Attention cependant ! Comme les intellectuels lisent déjà beaucoup et encore plus quand ils sont confinés, assortissez votre cadeau de quelque chose de vivant. Par exemple, déclamez du Baudelaire en offrant l’excellente biographie de Jean Teulé. (Répétez bien avant de vous lancer.)

Enfin, attention aux livres amusants, recueils de blagues, enfileurs de perles et autres bêtisiers. Réservez-les uniquement à ceux qui n’ont pas internet ou boycottent les réseaux sociaux, parce que les autres en ont soupé (le covid, le président des États-soi-disant-unis…). Offrez plutôt un album qui plongera votre lecteur dans un univers délicieusement régressif, amusant et touchant, comme celui du Petit Spirou. Et là, vous pouvez être thématique :

Sinon, s’il ou elle a le coeur bien accroché et des convictions profondes, offrez-lui Impact, d’Olivier Norek.

Les livres dont il est question dans cet article peuvent être commandés chez un libraire.

Héloïse, ouille !

Jean Teulé, Héloïse, ouille !, Juliard, 2015 (disponible en Pocket)

Par Catherine Chahnazarian.

Mais quel drôle de titre ! s’exclame-t-on forcément. Titre qui s’explique… Je vous le dis ou je ne vous le dis pas ? J’hésite… Héloïse, ouille ! est un roman pseudo-historique grivois, comique, savant, salace, burlesque et bizarrement écrit, que j’ai reçu gratuitement pour en avoir acheté deux autres (pas du tout grivois et dont je vous parlerai peut-être une autre fois). Gratuit et pour adultes. Très franchement pour adultes ! Parce qu’Héloïse, si elle crie « ouille », c’est parce que… À moins que ce soit Abélard qui proteste parce qu’elle…? L’histoire de ce couple célèbre, revisitée par Jean Teulé, ne met pas plus de trois ou quatre pages pour tourner au roman érotique – et pas façon jeune fille en fleur. L’amour d’Héloïse et Abélard se transforme en obsession sexuelle maladive et on n’apprendra pas grand-chose sur la scolastique – tout en élargissant éventuellement son vocabulaire, érotique surtout. Le couple est pour le moins démythifié ; le célèbre maître, adulé de ses étudiants, devient un faiseur de chansons ridicule. Il faut 89 pages au chanoine Fulbert pour se rendre compte que sa nièce n’apprend ni le grec ni l’hébreu avec Maître Abélard tandis que nous, jusque-là, on les a vus dans toutes les positions. Page 99, elle découvre qu’elle est enceinte et les voilà qui s’enfuient… C’est page 104, alors qu’ils chevauchent une mule sur une route de campagne, elle devant et lui derrière… que j’ai personnellement décidé de ne pas mener jusqu’à son terme cette expérience « historique ».

Ceux qui veulent connaître la fin de l’aventure ou découvrir ce qu’est la scolastique se plongeront dans une bonne anthologie ou dans une encyclopédie réputée. Ceux qui veulent enrichir leur vocabulaire se feront offrir le Teulé. Car donc – et c’est le pourquoi de cet article –: en ce moment, pour un livre de poche acheté, il y en a un d’offert, dont celui-ci, dans un choix restreint, à portée de toutes les mains. Drôle d’idée, je trouve.

Catégorie : littérature française.

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