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Littérature française
Par Sylvaine Micheaux
La narratrice, dont le nom n’est jamais cité, doubleuse au cinéma, la cinquantaine, mariée et maman d’une fille de 20 ans, reçoit un coup de téléphone de la PJ du Havre. Elle est convoquée pour le lendemain : un homme mort non identifié a été retrouvé sur la plage, avec dans les poches un ticket de cinéma portant le numéro de téléphone de l’héroïne.
Arrivée au Havre où elle a vécu toutes ses jeunes années, elle ne reconnait pas l’homme dont on lui montre les photos, mais ne peut se résoudre à quitter si vite la ville et se dirige vers la plage où on a trouvé le corps. Début d’une intrigue policière ? Pas du tout. Début d’une pérégrination dans la cité de son enfance, car la véritable héroïne est cette ville, grise, rebâtie en béton après sa quasi destruction lors des bombardements alliés de septembre 1944. La plage, la digue nord, le Ponant, le port tentaculaire qui est gangréné par les narcotrafics, et le récit qui part dans tous les sens comme les souvenirs de la narratrice qui petit à petit commence à avoir des doutes sur l’identité du mort… Peut-être celle d’un premier amour qui l’a abandonnée trente ans auparavant.
Ai-je aimé ce roman ? Difficile à dire. Certes, l’écriture est riche et remarquable, mais le déroulé chaotique de l’histoire m’a perturbée et la fin, qui n’en est pas une, tout autant. Quand il y a bien longtemps j’avais visité rapidement le Havre, la ville ne m’avait pas plu, trop grise, trop rectiligne : Jour de Ressac me confirme dans ma vision première.
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Maylis de Kerangal
Jour de ressac
Éditions Verticales
2024

