Un arrière-goût de rouille

Philipp Meyer, Un arrière-goût de rouille, Denoël, 2015

Par François Lechat.

J’avais attribué un coup de cœur, il y a quelques mois, au second roman de Philipp Meyer, Le fils, une œuvre forte et impressionnante mais d’accès un peu difficile. Je viens de lire son premier roman, Un arrière-goût de rouille. Un cran en-dessous du Fils, inévitablement, mais sans la réserve que j’avais pu émettre : ce premier roman demande de l’attention mais se lit sans peine, et nous plonge dans un cadre fascinant, le désert industriel qui a frappé la Pennsylvanie depuis la crise de l’acier. Autour de quelques personnages qui s’accrochent à leur lieu de naissance mais dont l’existence décroche comme la région entière, Philipp Meyer tisse un récit fort, de plus en plus prenant à mesure qu’on avance. Le décor est évoqué par petites touches, tel que ses personnages le voient, tel qu’il les frappe par sa désolation et par ses vestiges d’humanité ; Meyer nous met à la place de ses personnages, au plus près de leurs gestes, de leurs sensations et de leurs pensées, en évitant toute théorie, en n’évoquant que du concret, du tangible, des détails qui font sens et qui respirent l’Amérique à plein nez. Formidablement dépaysant, et formidablement humain : de l’intello au bagarreur, de la grande sœur qui a réussi à la mère qui s’inquiète pour son fils, du flic trop généreux avec les voyous au père cloué dans son fauteuil, on s’identifie à tous les personnages et on a peur pour eux, sans que jamais ce récit plein de drames ne sombre dans le pathos. Du grand art.

Catégorie : Littérature étrangère anglophone (USA). Traduction : Sarah Gurcel.

Liens : chez J.-C. Lattès, en Folio.


L’avis de Catherine Chahnazarian

François Lechat m’avait donné envie de lire Un arrière-goût de rouille, de Philipp Meyer. Je viens de le finir. Toute tremblante encore, je ne suis pas déçue !

Pour moi, c’est un roman sur le courage et la lâcheté, sur la sincérité à soi aussi. Lire la suite « Un arrière-goût de rouille »

Le fils

Philipp Meyer, Le Fils, Albin Michel, 2014 (disponible en Poche)

Par François Lechat.

Un roman intelligent, passionnant, impressionnant — et exigeant. Pas tant par le vocabulaire (d’une grande richesse pour décrire la vie au Texas et chez les Comanches) que par le jeu des allusions et des ellipses qui contraint le lecteur à comprendre à demi-mot, à deviner les motivations ou les actes que l’auteur ne veut pas décrire platement. Si l’on joue le jeu, on apprécie cette retenue qui évite d’en rajouter à des événements qui sont déjà hors normes. Car ce roman épique et distant raconte près de deux siècles de la vie d’une famille de Texans confrontée aux Indiens, aux Mexicains, aux concurrents de tous bords et à la transformation d’une société agraire en un gigantesque champ de pétrole. C’est dur, précis, haletant, formidablement organisé autour de trois récits qui alternent, s’imbriquent et se font écho, chacun centré sur une génération différente. Avec de beaux personnages de femme dans un monde d’hommes, et toute la gamme des attitudes que provoque la nécessité de survivre dans une contrée où la violence fait loi.

Catégorie : Littérature étrangère anglophone (USA). Traduction : Sarah Gurcel.

Liens : chez Albin Michel.

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