La condition pavillonnaire

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Littérature française
Par Marie-Hélène Moreau

On aime ou on déteste le livre de Sophie Divry, mais peu de chance qu’il laisse totalement indifférent.

L’histoire, tout d’abord. L’héroïne – encore que le terme convienne peu… -, désignée sous les initiales M.A., est la fille unique d’un couple modeste vivant dans un petit village d’Isère. Elle grandit, s’ennuie, rêve plus grand, plus loin, jusqu’au jour où, enfin, elle part faire ses études à Lyon, une délivrance. Apprentissage de la solitude, premières amitiés, premières amours, vacances et soirées entre amis, elle rencontre François, sage garçon qui admire cette belle jeune fille et cela, sans doute, lui suffit. Ils se marient. Apprentissage alors de la vie de couple, premier emploi, premier enfant et puis, le pavillon. La vie se déroule. Enfants à aller chercher à l’école, repas du soir à préparer, les parents qui vieillissent, le quartier qui doucement évolue… Elle s’ennuie, M.A. Elle aurait voulu autre chose, sans trop savoir quoi. Elle pense le trouver en prenant un amant. Il s’en va. Elle tente le yoga puis l’humanitaire, voit un psy, devient irascible, ensuite ménopausée. Elle se regarde vieillir, inexorablement. C’est ça, la vie ?   

Description quasi clinique de la vie de M.A., le style peut également désarçonner, notamment cette façon répétitive d’employer le “tu” :  “tu” fais ceci, “tu” fais cela. L’auteur décrit M.A. dans ses moindres gestes du quotidien et, partant, en décrit l’abyssale banalité, mais sans jamais juger. Certes, cela peut ressembler à certains moments à un pur effet de style, mais le procédé renforce au final le sentiment d’insupportable régularité de sa vie.

Le résultat est clivant, sans doute. Soit le lecteur plonge dans cette description implacable – quasi hypnotique – de la vie de M.A. et se confronte à cette vérité dérangeante : ne sommes-nous pas tous des M.A. en puissance ? Soit le lecteur s’ennuie ferme et aura l’impression d’avoir perdu son temps. Comme M.A.

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Sophie Divry
La condition pavillonnaire

Éditions Noir sur Blanc
2014

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