Mini-cycle de Noël-Nouvel An
Catégorie : l’autobiographie
Domaine : le divertissement
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Biographies et autobiographies (France)
Par Catherine Chahnazarian
Brigitte Bardot n’est pas qu’une femme libre, féministe avant l’heure. Est-elle d’ailleurs cette femme-là ? Fragile, ne supportant pas la solitude, sans cesse à la recherche de piliers pour la soutenir, l’image de la femme libre en prendrait un coup si Brigitte n’avait pas en même temps une obstination à faire ce qui lui plaît, moyennement attachée aux convenances. Après la guerre, elle veut vivre ! C’est pourquoi elle se sent libre de tomber et retomber amoureuse et de se laisser aller à ses pulsions… Une coureuse ? Certainement pas. Une infidèle ? Dans le milieu bourgeois qui l’a vue naître, sans doute ; dans le milieu du cinéma, quelle importance ? La morale n’a pas grand-chose à voir dans tout ça, il s’agit simplement d’être soi. Égocentrisme peut-être, mais spontanéité naïve aussi, une candeur qui la rend superstitieuse et la maintient longtemps dans une timidité étonnante : on l’imagine toujours sûre d’elle, s’affirmant, faisant des choix réfléchis, alors que bien des situations la trouvent perdue voire paniquée, incertaine de ce qu’elle vit, de ce qu’il faut faire. Elle est tantôt un chaton pris dans des phares au milieu d’une route, tantôt une lionne dont, même comme lecteur, on peut se sentir agressé. Sa manière de raconter, cash, brutale parfois, citant des noms sans souci de froisser ou de s’attirer un procès, est encore bien elle, simplement elle – non sans limite pourtant, non sans éthique, et non sans humour !
Brigitte paraît monolithique et sa dureté même est touchante : l’expérience semble avoir peu amorti les chocs, relativisé les conflits, apaisé les tensions, adouci les opinions. Cet être complexe, fragile et déterminé à la fois, on ne peut (commencer à) le comprendre qu’en se souvenant que c’est enfant qu’elle a traversé la Seconde Guerre mondiale, et en tant que jeune femme qu’elle a vécu la Guerre d’Algérie ; qu’en sachant que ses parents se sont montrés d’une dureté incroyable ; qu’en considérant sérieusement cette renommée inouïe qui a fait d’elle la première artiste française à vivre l’enfer d’être attendue au bas de chez elle, poursuivie dans la rue, etc. Ce harcèlement, qui nous semble aujourd’hui presque normal tant il est généralisé, est décrit dans Initiales B.B. de l’intérieur, par une femme qui, à 30 ans à peine, avait à peu de choses près sa carrière derrière elle.
Souvenirs, anecdotes, opinions — sur son enfance, ses débuts, le cinéma, ses voyages, ses parents, ses amis, ses amants, des acteurs, les animaux… Et quelques photos.
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Brigitte Bardot
Initiales B.B.
Éditions Grasset
1996, réédité en 2020

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