La fille qu’on appelle

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Littérature française
Par Marie-Hélène Moreau

Max Le Corre est boxeur. Un vieux boxeur qui rêve d’un retour sur le ring et s’y prépare contre plus jeune que lui. Pour vivre, il conduit la voiture de fonction du maire de cette petite ville de bord de mer qu’il n’a jamais quittée, contrairement à sa fille Laura. Laura qui revient, justement, et qui cherche un logement alors quoi de plus naturel lorsqu’on est son chauffeur que de demander au maire un petit coup de pouce ? Mauvaise idée.

Chronique désabusée des relations humaines dans lesquelles le pouvoir est mis au service de la satisfaction du plaisir des hommes et où le mépris de classe le dispute au clientélisme politique, le roman de Tanguy Viel est bien dans l’air d’un temps où il est de bon ton de critiquer les politiques et les élites de tous poils en les parant de tous les vices. Un peu facile, sans doute, mais en l’espèce sacrément bien fait. Caricatural ? Peut-être un peu aussi, oui. N’empêche, il y a du style dans ce roman et c’est ce qui rend sa lecture aussi intéressante – presque addictive – même si certains seront sans doute déstabilisés par ces longues phrases qui se perdent parfois au point qu’on doive les relire. Un style indéniable, donc, et un sens certain de la narration et des personnages. Max en boxeur magnifique et déchu, Laura, si jeune, si belle, en proie idéale d’un maire libidineux, Bellec et son costume blanc, en patron de casino peu scrupuleux… Tous, même s’ils peuvent sembler sans surprise tant ils suivent un destin tout tracé, sont chacun à sa manière profondément attachants, hormis le maire, affreux politicard prêt à tout pour satisfaire son plaisir et son ambition. Il passe à travers ce roman le sentiment vague mais entêtant que tout cela ne changera jamais. Un peu désespérant… 

Inclus dans la première sélection pour le Goncourt 2021, ce qui n’est pas rien, La fille qu’on appelle n’aura finalement pas accédé à l’étape suivante. Ce n’est certainement pas une raison pour ne pas le lire !

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Tanguy Viel
La fille qu’on appelle

Les Éditions de Minuit
2021

Un commentaire sur “La fille qu’on appelle

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  1. C’est un très bon livre, un thriller haletant. On suppose que l’histoire va mal finir mais on ne peut pas dire comment, à la façon des romans noirs de Jim Thompson. Le noeud coulant se reserre peu à peu autour de cette jeune fille et de son père. Un réel travail sur la phrase (Tanguy Viel y fait allusion dans une interview), une syntaxe magnifique qui fascine et souligne la complexité de certains choix à faire dans la vie, quasiment cornéliens…

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