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Littérature étrangère (USA)
Par Marie-Hélène Moreau
La série Nos monuments de la littérature américaine et l’article de Daniel Kunstler sur De si jolis chevaux m’ont donné envie de lire Le passager de Cormac McCarthy.
Cet écrivain américain, décédé en 2023 à quatre-vingt-dix ans, possède le statut intimidant de monstre de la littérature. Pas seulement parce qu’il a gagné le National Book Award (pour De si jolis chevaux) et le prix Pulitzer (pour La route) mais pour l’ensemble de son œuvre et la teinte inimitable qu’il donne à ses romans, cette espèce de mélancolie poignante qui imprègne tous ses personnages. Le passager n’échappe pas à la règle.
Difficile de résumer ce roman. Des plongeurs qui entrent dans l’épave d’un avion, une tempête sur une plate-forme pétrolière, une fille qui parle avec un drôle de petit bonhomme pourvu de nageoires, de mystérieux agents fédéraux, le traumatisme de la bombe nucléaire, un asile d’aliéné, un violon et mille autres choses, des personnages qui passent et qui meurent, des lieux improbables… Tout cela forme le décor dans lequel évolue le personnage principal du livre, Bobby Western. Bobby Western traîne son deuil sur les plus de cinq cents pages du roman. Le deuil de sa sœur morte quelques années plus tôt et dont il était fou amoureux. Le deuil de sa sœur, schizophrène peut-être, qu’il n’a pas su sauver. Un deuil dont il ne se remet pas.
Non, il est décidément impossible de résumer ce roman. Comme tous les romans de Cormac McCarthy, il faut s’y plonger, accepter de ne pas tout comprendre et se laisser entraîner par la douloureuse mélancolie des personnages. Se laisser porter, aussi, par cette écriture sombre et puissante, traversée de somptueuses fulgurances poétiques. Peut-être pas le roman le plus facile d’accès pour découvrir cet auteur extraordinaire (La route ou De si jolis chevaux sont sans doute plus indiqués) mais assurément, un roman qui vaut la peine de faire un effort de lecture.
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Cormac McCarthy
Le passager
L’Olivier
2023

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