Hommage à David Lodge (1935-2025) – 2
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Littérature étrangère (Grande-Bretagne)
Par Marie-Hélène Moreau
Lire et relire un livre de David Lodge est toujours un plaisir même s’il est, cette fois, teinté d’un brin de tristesse compte tenu de la disparition de l’immense écrivain. J’ai ressorti de ma bibliothèque La vie en sourdine et m’y suis replongée avec délectation. Il suffit en effet de se laisser porter par cette prose parfaitement fluide et ce sens du détail, admirer cette érudition jamais pesante et rire à cet humour si représentatif de ce que l’on nomme souvent l’humour anglais pour passer un moment de total bonheur de lecture.
Tout comme David Lodge, le héros de ce roman est un universitaire, et tout comme lui également, il est sourd, c’est dire la part autobiographique que recèle le texte même si la fiction y a aussi une large place. Desmond est un professeur de linguistique à la retraite, une retraite anticipée qu’il regrette un peu car il peine à combler le vide de ses journées, d’autant que sa femme, Fred, a démarré tardivement une carrière réussie de décoratrice. Entre sa surdité qui l’isole de plus en plus et la perte progressive d’autonomie de son père dont il reste seul à s’occuper, les motifs de se réjouir ne sont guère nombreux en cette fin d’année, d’autant que Desmond déteste les fêtes de fin d’année. Une rencontre va cependant bousculer sa routine déprimante, celle d’une étudiante américaine sollicitant son aide pour l’élaboration d’une thèse consacrée aux lettres de suicide.
Écrit sous la forme d’un journal intime sur une période de quelques mois, La vie en sourdine aborde, outre les thèmes principaux du handicap lié à la surdité et la fin de vie, divers sujets aussi différents que les centres de loisirs type Center Parc, l’expérience de la visite du camp d’Auschwitz, le petit monde universitaire ou encore le difficile travail des infirmières des hôpitaux publics britanniques, sans oublier les hauts et les bas de la vie de couple, finement décrits à travers les relations entre Desmond et sa femme. Tout cela s’imbrique comme par magie et se lit sans ennui. Intéressant, touchant, drôle, La vie en sourdine (dont le titre anglais Deaf sentence est un jeu de mot entre deaf, surdité, et death, mort, tout un programme !) est un classique de David Lodge.
À lire et relire donc, et sans modération.
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David Lodge
La vie en sourdine
2008
En français :
Éditions Rivages
Traduction : Yvonne et Maurice Couturier
Vous lisez l’Anglais ? Essayez la version Penguin.

Sa mort me l’a remis en mémoire. Je ne l’ai jamais lu, c’est un manque je sais! Celui-ci a l’air en effet réjouissant…
Merci bien. Je l’ai commandé aussitôt.