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Littérature française
Par Catherine Chahnazarian
J’ai pris Taormine un peu au hasard dans le rayon poches d’une librairie qui en proposait beaucoup du même auteur. J’ai ainsi découvert qu’Yves Ravey avait écrit un grand nombre de romans, tous courts à en croire le rayon, et j’avais justement envie d’une lecture qui occuperait simplement mon week-end. À part la démarche (parce que j’ai lu les deux premières pages dans la librairie) consistant à écrire au « je » et au passé composé, comme s’il était définitivement acté que le niveau des lecteurs s’arrête là, il m’a semblé que Taormine pourrait être divertissant. Et oui, c’est divertissant – sans être trop léger.
Tout au long de cette courte lecture, j’avoue avoir un peu râlé. D’abord, le narrateur aurait pu être drôle et ne l’est pas, mais c’est finalement un parti-pris qui se défend tout-à-fait. Ensuite, je n’ai pas réussi à bien cerner et me représenter ses deux personnages principaux – lui et sa femme – mais ça fonctionne quand même. Je me suis laissée embarquer par un suspense qui débute très vite : un couple arrive en Sicile pour une semaine de vacances ; ils prennent une voiture de location ; ils quittent l’autoroute dès qu’ils voient le premier symbole « plage »… et ça y est, tout foire. J’ai continué à râler un peu, mais je voulais absolument finir ce livre, parce que je voulais savoir ce qui allait se passer, et parce que je ne comprenais pas ce que je voyais comme une faiblesse : cet humour trop intériorisé par rapport au genre je-suis-con-et-je-raconte-dans-le-menu-détail-les-conneries-que-je-fais.
Et c’est comme ça que je suis arrivée à la chute, qui est formidable. Bravo, monsieur Ravey, c’est bien shooté !
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Yves Ravey
Taormine
Les Éditions de Minuit
2022/2024
Voir aussi l’article de Marie-Hélène Moreau sur Trois jours chez ma tante, du même auteur.
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