Le manoir des glaces

Policiers et thrillers
Par Julien Raynaud

Un manoir isolé, une tempête de neige. Quatre personnes bloquées là et une qui devrait l’être mais qui est introuvable tant le domaine est grand. Une ambiance à la Shining donc, mais sans folie ni surnaturel. Juste le passé qui s’en mêle, et les secrets. Ajoutez à cela le récit d’évènements qui se sont déroulés dans le même lieu cinquante ans plus tôt. Mélangez le tout avec une héroïne certes un peu pénible mais qui souffre de prosopagnosie (elle ne se souvient pas des visages), ce qui va être intéressant pour une intrigue assez diabolique et bien amenée.

*

Camilla Sten
Le manoir des glaces

Seuil
2023

La rose de minuit

Littérature étrangère (Irlande)
Une brève de Julien Raynaud

Une aïeule qui réunit toute sa grande famille en Inde, un château anglais privatisé pour tourner un film dont la vedette est une actrice américaine. Voici les deux atmosphères qui vont se croiser dans cette saga à destination des lectrices, mais qui peut être lu par tout un chacun. Le XXème siècle façonne le destin d’une galerie de personnages plutôt attachants, dans une ambiance évoquant parfois Downton Abbey. On ne s’ennuie jamais et on avale les 660 pages avec intérêt.

Ne vous fiez ni au titre, ni à la couverture, ni à l’éditeur : ce n’est pas une lecture mièvre !

*

Lucinda Riley
La rose de minuit

Traduction : Jocelyne Barsse
Éditions Charleston
2025

Une relecture dont vous êtes le héros

————————–

Extras et Redécouvertes
Par Julien Raynaud

Si vous étiez un garçon de 13 ou 14 ans à la fin des années 80, vous avez a priori été lecteur des « livres dont vous êtes le héros », publiés chez Folio Junior. Ces livres ont bercé l’enfance de toute une génération. Pour ceux qui ne connaissent vraiment pas, il s’agit de livres-jeux qu’on ne lit pas de manière linéaire, puisqu’il faut faire des choix qui mènent de paragraphe en paragraphe. Souvent le lecteur-héros fait les mauvais choix, meurt et il faut recommencer l’aventure, en changeant cette fois de parcours pour espérer emporter la partie. Ces livres se déclinent en plusieurs séries, la plus célèbre étant les « Défis fantastiques » qui explorent ce qu’on appelle aujourd’hui le genre littéraire de la fantasy, mais il faut aussi mentionner, entre autres, les passionnantes « Chroniques crétoises » ou la série « Sorcellerie ! ».

Quelques exemples parmi d’autres

Dans les cours de collèges, les jeunes lecteurs se livraient leurs trucs pour ne pas se faire tuer dans tel ou tel ouvrage. Trente-cinq ans plus tard (on doit être dans cet ordre d’idées), David Lluis a eu l’idée – et l’envie – géniale d’écrire un livre sur ces livres, en donnant aux lecteurs nostalgiques les clés pour vivre ces aventures en faisant les meilleurs choix, nous expliquant ainsi dans le détail comment il était possible de réussir ces aventures. Il nous fait revivre dans son volumineux ouvrage la plupart des opus écrits par les Steve Jackson (oui il faut dire « les » car ils sont deux, ce que peu de lecteurs avaient dû repérer).

Le livre de David Lluis est présenté comme le tome 1, car effectivement la matière est là pour en écrire plusieurs autres. C’est ce que les fans devraient souhaiter, car la lecture est passionnante. On conseillera d’avoir sous la main quelques LDVLH (« livres dont vous êtes le héros ») pendant la lecture, l’immersion n’en sera que plus délicieuse. Comme aujourd’hui encore ces LDVLH sont republiés (avec des couvertures modifiées) par Gallimard Jeunesse, on peut parier que tout lecteur de cette Relecture dont vous êtes le héros se précipitera en librairie pour compléter ou recréer sa collection, comme au temps de son adolescence.

Et pourquoi pas faire découvrir les LDVLH à vos jeunes ados ?

*

David Lluis
Une relecture dont vous êtes le héros
Autoédité chez Polymnésia
2024
Disponible sur un grand site de vente en ligne

Liens : les LDVLH chez Folio Junior et Gallimard Jeunesse

Le mystère de la crypte ensorcelée

————————–

Redécouvertes (Espagne)
Par Julien Raynaud

Eduardo Mendoza écrit Le mystère de la crypte ensorcelée en 1979. Le livre est traduit en français en 1982, puis réédité en 1988, 1998 et 2014. Dans cette dernière édition (Points), la quatrième de couverture renvoie à une critique du Monde, qui évoque un humour impitoyable porté sur une société espagnole extravagante et corrompue. Pour une fois, il n’y a là aucune exagération, et la promesse est tenue.

L’histoire est rocambolesque, et à ce titre indevinable. Le héros, pris dans le tumulte, fait penser à Ignatius dans La conjuration des imbéciles (publié en 1980) : il semble victime de l’enchaînement des évènements, tout en y contribuant pour une large part. Il fait d’ailleurs lui aussi des réflexions osées et désopilantes, derrière lesquelles se cache l’auteur.

La grande affaire de ce court roman reste le style, et lire la traduction d’Anabel Herbout et Edgardo Cozarinsky ne semble rien enlever à la prouesse. Une citation pour illustrer. Quand le héros décrit sa sœur, prostituée au nez porcin, cela donne notamment : « sa maternité potentielle se voyait contrariée par une série de cavités internes qui mettaient en communication directe son utérus, sa rate et son côlon, faisant de ses fonctions organiques un imprévisible et ingouvernable méli-mélo ».

*

Eduardo Mendoza
Le mystère de la crypte ensorcelée
Points
2014

Beautiful People

————————–

Essais, Histoire…
Par Julien Raynaud

En ce mois de juin 2024, la mini-série « Becoming Karl Lagerfeld » (sur Disney+) fait beaucoup parler. Des acteurs brillants et parfaits, une époque insouciante, le charme est incontestable. Les spectateurs restent cependant sur leur faim, car au bout des six épisodes, l’histoire est loin d’être terminée. Le livre Beautiful People permet de découvrir la suite ! L’ouvrage d’Alicia Drake commence en effet au même moment que la série, exposant la découverte de Karl Lagerfeld par le dandy Jacques de Bascher. Et quand la série se termine en nous laissant au début des années 80, alors que le couturier à l’éventail entre au service de la maison Chanel, c’est dans Beautiful People que l’on peut se plonger pour poursuivre la biographie croisée d’Yves Saint-Laurent et de Karl Lagerfeld.

L’enquête d’Alicia Drake est extrêmement fouillée, cite des sources innombrables, témoignages et interviews. Les faits sont tellement décrits dans leur réalité qu’à la sortie du livre aux Etats-Unis, Karl Lagerfeld attaque en justice Alicia Drake pour réclamer l’interdiction du livre en France et même 10 000 euros par exemplaire vendu après l’interdiction éventuelle par le tribunal. En vain. On peut donc, un peu voyeurs, suivre cette chronique de la mode parisienne de 1954 à 1990, à la découverte d’un milieu qui a dévoré ses membres, lesquels étaient, il est vrai, « prêts à se faire dévorer ». Des coupables évidents sont présentés (rivalités, alcool, drogue, sexe, SIDA), mais c’est finalement « la mode elle-même qui est responsable de l’interminable liste de victimes ».

*

Alicia Drake
Beautiful People

Éditions Denoël
2008

Existe en Folio.

De trop grosses ficelles

Lucia

————————–

Policiers et thrillers (France)
Par Julien Raynaud

Bernard Minier est notamment connu pour avoir écrit le thriller Glacé en 2011, qui a fait l’objet d’une adaptation en série par Gaumont. Cette enquête pyrénéenne diabolique obéissait à tous les codes du genre, mais abordait une thématique peu agréable qu’on ne peut divulguer sans briser le suspense. Dans Lucia, sorti en 2022, l’auteur récidive avec la même thématique en toile de fond, toujours aussi dérangeante, ce qui devient sinon une obsession du moins une facilité. L’enquête menée par la policière Lucia en Espagne fournit quelques éléments intéressants, mais qui ne sont pas à la hauteur de la scène d’ouverture. Quant à l’explication finale, laborieuse, elle est expédiée par l’auteur, qui avait manifestement envie d’en découdre. Si l’on ajoute à cela un titre tout à fait raté et une couverture Pocket sans lien véritable avec l’histoire, c’est quand même la déception qui l’emporte.

*

Un oeil dans la nuit

—————————

Policiers et thrillers
Par François Lechat

C’est mon premier Bernard Minier, et ce sera sans doute le dernier. Pas parce que l’intrigue m’aurait déçu : elle en vaut une autre en nous plongeant, au fil de meurtres sadiques, dans le monde des films d’horreur, et surtout dans celui du maître du genre, un certain Morbus Delacroix. Comme il se doit, le coupable ne sera pas celui qu’on imaginait. Contrat rempli, donc, mais avec quelle maladresse… Pourquoi nous annoncer systématiquement que l’on va bientôt avoir peur ? Pourquoi suggérer d’avance le lien entre deux personnages importants, au lieu de nous réserver la surprise ? Pourquoi mettre en majuscules les phrases censées nous frapper ? Pourquoi ces longues descriptions de l’état psychologique des personnages, alors qu’il se comprend chaque fois de lui-même ? Pourquoi ces dialogues ou ces monologues servant de rappel, et qui sont parfaitement inutiles ? Il y a une belle scène de suicide, assez corsée, et des idées horrifiques, mais l’ensemble est écrit comme si les lecteurs avaient 14 ans.

*

Bernard Minier
Lucia et Un oeil dans la nuit
publiés chez XO Éditions
2022 et 2023

Lucia est disponible en Pocket, Un oeil dans la nuit le sera bientôt.

Viscères

—————————

Policiers et thrillers (Grande-Bretagne)
Par Julien Raynaud

On ne présente pas Mo Hayder, de son vrai nom Clare Dunkel, décédée en 2021 : reine du polar, du crime, de l’enquête glaçante et bien ficelée. Dans Viscères, Wolf selon le titre original, le talent de Mo Hayder consiste à tirer plusieurs fils, de façon à façonner une intrigue qui aurait pu prendre diverses directions. L’auteure va vous cueillir à froid, car dès le début du livre, une surprise vous cloue sur place. Et il y en aura d’autres.

Parfois présenté comme le tome 7 des enquêtes de l’inspecteur Caffery, ce dernier opus peut tout à fait être lu de manière indépendante. En tous cas, comme souvent, c’est encore mieux de l’aborder sans rien savoir, sans même lire la quatrième de couverture.

On lit ici ou là que Viscères « est en cours d’adaptation pour la BBC ». Ce sera un sacré film.

*

Mo Hayder
Viscères
Traduction : Jacques Martinache
Les Presses de la Cité
2015

Existe en Pocket

Soumission

—————————–

Littérature française
Par Julien Raynaud

Soumission est un roman dans la plus pure tradition houellebecquienne. Les adeptes de l’auteur se sentiront en terrain familier, retrouveront le style et les marottes de l’essayiste. Ils poufferont toutes les deux ou trois pages, salueront ce cru 2015. Ils se réjouiront du passage où le narrateur voit sa soirée télé consacrée aux résultats de l’élection présidentielle gâchée par les dysfonctionnements de son micro-ondes.

Les récalcitrants, au contraire, verront leur aversion se confirmer. Ils ne percevront pas l’humour de l’auteur, souriront à peine lors des passages sur Bayrou ou Pujadas, se braqueront face aux propos de certains personnages. Ils lèveront les yeux au ciel quand il sera question des femmes musulmanes, décrites tantôt en burqa tantôt en train de lire Picsou Magazine. Ils lâcheront carrément le livre quand surgiront à l’improviste, en pleine description poétique, des passages sexuels dignes de San-Antonio.

À chacun de se faire son opinion.

*

Michel Houellebecq
Soumission
Éditions Flammarion
2015

Reflex

————————–

Policiers et thrillers
Par Julien Raynaud

Oubliez tous vos a priori sur les polars et thrillers : écriture fade et stéréotypée, mécanique un peu toujours identique, dénouement que l’on voit venir gros comme un char d’assaut… Dans Reflex, de Maud Mayeras, si l’atmosphère est sombre, la plume est de haute voltige. Il est clair que l’auteure pourrait écrire de la littérature blanche qui serait saluée. Tout est travaillé, ciselé. Exemple dans cet extrait qui ne relève pas de l’intrigue, et qui aurait donc pu être écrit à la hâte, mais qui justement ne l’est pas.

« Inventaire de la victime. (…) Les tatouages sur ses doigts. (…) Un LOVE et HATE mal encrés sur ses mains pataudes, sauf qu’à ce type-là, il manquait l’auriculaire de la main droite. Love hat. Le gars se retrouvait bêtement à aimer les chapeaux. »

Et l’intrigue dans tout ça ? Oh, vous verrez bien ! Bon, allez : un couvent lugubre, une photographe de scènes de crimes, un enfant disparu, une mère internée… Vous découvrirez le reste, et le coup de théâtre des pages 300 et 301. Et vous vous demanderez pourquoi le film n’existe pas.

*

Maud Mayeras
Reflex

Éditions Anne Carrière
2013

J’ai un nom

————————–

Littérature étrangère (U.S.A.)
Par Julien Raynaud

L’éditeur français de Chanel Miller (le cherche midi) fait figurer sur la couverture l’avis du New Yorker : l’autrice est « une conteuse douée ». C’est vrai (la traductrice Anne Le Bot a aussi fait un travail remarquable). N’importe quelle victime d’agression sexuelle n’aurait sans doute pas pu décrire avec justesse, et sur plus de 450 pages, ce qu’elle a vécu après ce drame.

Chanel Miller parvient, elle, à mettre le lecteur au centre du récit, au centre de son histoire à elle. Nous assistons, impuissants, à son calvaire judiciaire. Nous ressentons la détresse et l’isolement des victimes, l’injustice de leur place, tout ça, a-t-on envie de dire, au nom de la présomption d’innocence qui protège l’accusé.

Deux conseils avant de vous lancer dans le lecture. Primo, évitez le web, afin de ne pas en lire trop sur l’autrice et son histoire. Deuxio, essayez de trouver un exemplaire sans défaut d’impression. Sur le mien, les « a » avaient très souvent leur cercle rempli d’encre, ce qui était gênant. C’est une broutille au vu de la force de ce récit.

*

Chanel Miller
J’ai un nom
Éditions du Cherche Midi
Traduction d’Anne Le Bot
2021

Le caprice Hingis

————————–

Essais, Histoire…
Par Julien Raynaud

Les éditions Salto ambitionnent de faire du sport un sujet littéraire. Quel meilleur sujet qu’un affrontement terrible entre une championne proche de la retraite et une jeune prodige ? La finale dames de Roland-Garros en 1999 était l’un des meilleurs choix. C’est celui qu’a fait Arnaud Jamin, journaliste à France Inter et titulaire d’un DEUG de psychologie, diplôme de bon aloi pour décortiquer le combat à mort que vont se livrer Steffi Graf et Martina Hingis.

Ce match n’est pas qu’un duel, car ce serait oublier la foule déchaînée, et l’arbitre complètement dépassée. Le public, pris en main par les supporters quasi-violents de la championne allemande, joue ici un rôle décisif. Cette foule (des licenciés de tennis pour beaucoup) va contribuer largement à la mise à mort d’une jeune fille Suisse, qui a commis pour seul crime d’être sans pitié pour une star qui n’est pas son idole (son idole, c’est Martina Navratilova).

En 101 pages passionnantes, on revit, ou on découvre, un drame en plusieurs actes, dont on connaît en principe l’issue, mais qui nous décrit de manière perspicace et flamboyante un après-midi inoubliable, relevant autant de la tragédie que du sport, au cours duquel deux héroïnes « se poignardent yeux dans les yeux ». 

*

Arnaud Jamin
Le caprice Hingis
Éditions Salto
2019

Un excellent billet de Juliette Arnaud sur France Inter

Sa majesté des chats

Bernard Werber, Sa majesté des chats, Albin Michel, 2019

— Par Julien Raynaud

Tout le monde connaît plus ou moins Les fourmis, écrit par Bernard Werber en 1991. La prouesse de ce livre était d’alterner une intrigue palpitante avec des passages plus sérieux, sous forme d’articles scientifiques. Rebelote avec Sa majesté des chats, conçu comme un tome 2 après Demain les chats, mais qui peut tout à fait être lu sans ce préliminaire.  

Dans Sa majesté, les humains en prennent pour leur grade : dénonciation de l’élevage intensif (Werber décrit ce que l’on fait subir aux porcs, et ça donne la nausée), de la corrida, etc. L’intrigue ne manque pas de rebondissements, et l’on croise, a-t-on envie de dire, tous les animaux de la ferme ! Certains passages sont assez durs, à cause de la barbarie des rats (oui, car il faut se coltiner les affreux rats dans Sa majesté, qui flirte sur ce point avec les romans de James Herbert des années 70). Ne vous attachez donc pas trop à certains animaux-personnages, sous peine de sortir les mouchoirs. 

Les intermèdes encyclopédiques glissés par Werber, toujours au bon moment, sont accessibles et passionnants ; on espère que l’on peut s’y fier, sous peine de livrer à son entourage, tout au long de la lecture, tout un tas d’anecdotes inexactes !

Catégorie : Littérature française.

Lien : chez l’éditeur.

Bibliocat

Pour passer de joyeuses fêtes

Alex Howard, Bibliocat, Hauteville, 2019

— Par Julien Raynaud

Il paraîtrait que trente pour cent des ménages français possèdent au moins un chat. À n’en pas douter, on cherchera en priorité dans cette catégorie les lecteurs de Bibliocat. Qui ne voudrait pas découvrir ce que fait un chat de ses journées, ce que pense un chat, qui plus est un chat de bibliothèque ? Les fans de livres et de chats boiront du petit lait en lisant Alex Howard. Ils apprécieront le caractère léger de ces chroniques félines, au sein desquelles il est possible de picorer comme dans un fablier. Voilà qui est idéal pour se détendre, pour s’évader dans le calme et le ronron. On pourra laisser ce livre sur un petit meuble, près d’un fauteuil et d’un pot d’herbe à chat (appelée cataire dans Bibliocat), et on l’ouvrira, de-ci de-là, en tenant un mug brûlant.

Dès les premières pages, le plan du territoire du chat érudit constitue déjà une gourmandise. Quant aux chroniques successives, où vous découvrirez un cousin français du héros, très hautain comme il se doit, elles pourraient bien, sous leurs allures légères et sous la plume d’un doctorant en littérature, vous inviter à une certaine lucidité sur la futilité des actes humains, en tous les cas aux yeux des chats. En prime, l’auteur vous renvoie à la fin de chaque chronique à la lecture de romanciers britanniques, que vous pourriez découvrir à cette occasion : Georges Douglas Brown, Stephen Fry, etc.

Bien sûr, si c’était de l’action, une enquête ou une histoire d’amour que vous cherchiez, vous serez déçu. Et si vous êtes plutôt canidés, vous vous réjouirez de vous tourner ensuite vers Paroles de chien de Rudyard Kipling.

Catégorie : Extras (Grande-Bretagne). Traduction : Claire Allouch.

Lien : Bibliocat chez son éditeur — où vous pourrez lire un extrait. Paroles de chien de R. Kipling, préface et traduction de Thierry Gillyboeuf, chez Rivages Poche, 2021.

Les sœurs de Montmorts

Jérôme Loubry, Les sœurs de Montmorts, Calmann-Lévy, 2021

— Par Julien Raynaud

Les trois cent quarante-trois premières pages de ce thriller de Jérôme Loubry vous raviront sans nul doute. Vous y verrez une prouesse, une réussite qui n’a rien à envier à Stephen King. Vous serez sous le charme d’un mystérieux village, où même le catalogue de la bibliothèque municipale est particulièrement original. Vous reconnaîtrez la brillante idée de l’auteur, consistant à la fin de certains chapitres à révéler ce qui arrive au même moment aux autres personnages dans le village de Montmorts. Vous trouverez l’enchaînement des chapitres juste parfait, alors même qu’alternent une histoire présente, la lecture d’un compte-rendu d’évènements antérieurs, quelques considérations scientifiques sur le cerveau humain, des lettres anonymes, et la lecture d’un blog. Là où un Dan Brown aurait interrompu l’intrigue en cours dans le seul but de vous faire tourner les pages pour découvrir la suite, Jérôme Loubry distille les éléments au moment où le lecteur en a besoin.

Pour que le lecteur reste sur ces impressions extrêmement positives, voire dithyrambiques, il aurait fallu que le roman en reste là, qu’il n’explicite aucun des mystères et laisse à chacun le soin de se perdre en conjectures. Au lieu de cela, Jérôme Loubry rajoute une cinquantaine de pages, qui donnent l’explication scientifique des événements. Malheureusement, elle est alambiquée, expédiée dans la plus grande précipitation, et c’est la déception qui domine.

Alors un conseil, lisez vraiment ce livre, il n’y a aucun doute là-dessus, mais arrêtez-vous donc à la page 343.

Catégorie : Policiers et thrillers.

Lien : chez l’éditeur.

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑