Quand sort la recluse

Fred Vargas, Quand sort la recluse, Flammarion, 2017

Par Catherine Chahnazarian.

Cette nouvelle enquête du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg (ou devrais-je écrire « ces nouvelles enquêtes » ?) joue un peu trop explicitement sur les bulles qu’il a dans la tête, des proto-pensées qui le taraudent et auxquelles il a du mal à accéder. Mais on retrouve avec bonheur ce personnage si particulier et si poétique, de même que ses principaux acolytes : ici Louis Veyrenc, surtout, l’ami proche, le complice ; Violette Retancourt, le fidèle lieutenant ; Voisenet, le zoologiste amateur, et Froissy, qui a toujours une tranche de cake pour les merles.

Il y a, comme souvent chez Vargas, quelque chose d’un peu faible dans l’intrigue, mais qui n’empêche pas de dévorer le livre : originalité de l’idée et de son montage, fluidité du récit, moments de vie intenses et imaginatifs dans lesquels on retrouve des joies et des peurs d’enfant, le Beau et l’abject, un rapport sain à la nature, des relations humaines en tous genres (amitié, fidélité, trahison…) et quelque chose de doux qui arrondit les angles d’une affaire policière pourtant sale – très sale.

Une fois le livre refermé, il faut se faire une raison :  il va de nouveau falloir vivre sans Jean-Baptiste Adamsberg pendant des mois, se contenter de le laisser là, allongé par terre sous son tilleul, le nez dans les étoiles, en attendant un nouvel épisode.

Catégorie : Policiers et thrillers (Belgique).

LiensQuand sort la recluse chez l’éditeur. Critique de l’opus précédent : Temps glaciaires.

Temps glaciaires

Fred Vargas, Temps glaciaires, Flammarion, 2015

Par Catherine Chahnazarian.

Je me suis jetée dessus. J’avais adoré Dans les bois éternels et L’Armée furieuse, essentiellement pour leur ambiance, et pour ces personnages désormais récurrents, si typés, autour d’Adamsberg, le commissaire lunaire. Temps glaciaires m’a semblé un peu différent : une intrigue plus travaillée, assez complexe mais qui ne m’a pas passionnée – question de goût certainement -; un ensemble moins poétique et moins fin stylistiquement ; ce qui n’empêche que des ambiances fortes, des originalités bien dans le style de Vargas (comme le personnage de Marc ou l’afturganga – je ne vous dis rien de plus) enthousiasment et rivent le lecteur au livre jusqu’au bout.

Que ce policier de 500 pages – dans une reliure très agréable – soit en tête des ventes, ça ne m’étonne pas ! À lire pour changer d’univers mental.

Catégorie : Policiers et thrillers (Belgique).

Liens : chez l’éditeur. Lire aussi la critique de l’opus suivant, Quand sort la recluse.


L’avis de Brigitte Niquet

Je viens aussi de terminer Temps glaciaires et m’apprêtais à en faire la critique. Catherine m’a devancée. Je partage, ma foi, tout ce qu’elle a dit, en restrictions comme en louanges, ce qui fait que je ne partage pas tout à fait sa conclusion : c’est plutôt un bon livre, mais pas le meilleur de Fred Vargas et pas un chef-d’oeuvre qui justifierait un tel succès public. Mais bon, je dois être trop difficile. Il est vrai que Soumission, de Houellebecq, caracole lui aussi en tête des ventes et même des ventes mondiales et que ce livre-là, franchement, m’est tombé des mains et, en plus (comprenez si vous pouvez), m’a paru souvent écrit avec les pieds, y compris quand l’auteur plagie de manière éhontée (et maladroite) une page d’Aragon.


L’avis de François Lechat

Ce n’est pas le meilleur Vargas, sans aucune doute. Mais c’est un Vargas qui fonctionne à l’envers : la fin est meilleure que le début, le dénouement est plus réussi que l’exposition. Il y a, dans la première moitié, de curieuses fautes de style et des chapitres un peu mous, comme si elle fatiguait à l’idée d’encore « faire du Vargas ». Mais on retrouve finalement sa patte, de beaux chapitres courts et poétiques, un Adamsberg souverain dans son étrangeté, et ses acolytes reprennent de la consistance – avec un Danglard mis en difficulté, pour une fois . Si l’on aime l’Islande ou la Révolution française, on ne peut pas rater ce polar.

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