Mon coeur a déménagé

Littérature française
Par Anne-Marie Debarbieux

Ophélie n’a que sept ans lorsque son père, un homme que les effets conjugués de l’alcool et de la drogue rendent de plus en plus violent, réclame une fois de plus de l’argent à Maja, sa compagne. Celle-ci refuse mais prend réellement peur et supplie par téléphone Vidame, l’assistant social qui est en charge de la famille, de venir à son secours. Il refuse, sous un prétexte à la fois légitime et discutable. Alors Maja, terrifiée et soucieuse de ne pas mettre Ophélie en danger, se sauve et l’on retrouve son corps sans vie sur la voie rapide. La thèse du crime est privilégiée et le mari alcoolique et drogué est immédiatement soupçonné d’en être l’auteur. Il est arrêté et condamné à une lourde peine de prison. Ophélie est placée en foyer, elle y passe plusieurs années et sa vie n’est pas facile. Or pour elle, le vrai coupable, c’est celui qui a été appelé d’urgence par une femme en danger et qui a refusé de venir à son secours. Pendant plusieurs années elle va alors tout mettre en œuvre pour venger sa mère, menant sa propre enquête. Elle consacrera tout son temps à établir ce qu’elle pense être la vérité. Le roman est donc à la fois policier, psychologique et social.

Si le lecteur est vite happé par cette poursuite de la vérité qui dure plusieurs années, il est aussi saisi par la personnalité ambigüe de la jeune héroïne et la difficile mission des travailleurs sociaux.

Comme toujours, le suspense est maintenu jusqu’à la fin vers un dénouement qui n’est pas forcément celui qu’on attendait. Le principal intérêt de ce roman réside évidemment dans le thème mais surtout dans l’ambigüité des personnages…

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Michel Bussi
Mon coeur a déménagé
Presses de la Cité
2024

Les assassins de l’aube

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Policiers et thrillers
Par Sylvaine Micheaux

On ne présente plus Michel Bussi, qui reste un auteur incontournable de thrillers mais qui a l’intelligence de se renouveler. Et cette fois-ci, il nous embarque dans une île paradisiaque, la Guadeloupe. 

Dans ces paysages enchanteurs sont retrouvées, jour après jour mais toujours à l’aube, trois personnes assassinées d’un harpon dans le coeur. Et toujours sur des lieux emblématiques de l’histoire coloniale et esclavagiste de l’île. Le commandant Valéric Kansel, revenu depuis peu dans son île natale, est prié de trouver rapidement le coupable, tourisme oblige.

Les crimes sont annoncés par le sorcier local avant même d’être commis… On navigue de fausses pistes en rebondissements, tout en découvrant peu à peu le lourd passé, peu connu des Métropolitains, de ce beau département français — et en visitant avec plaisir cette superbe île (Bussi a eu la bonne idée de mettre une carte en début du roman).

Un chouette livre pour s’évader durant les jours froids et pluvieux, qui devrait plaire encore plus aux lecteurs ayant la chance d’avoir déjà visité la Guadeloupe.

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Michel Bussi
Les assassins de l’aube

Presses de la Cité
2024

Code 612. Qui a tué le Petit Prince ?

Michel Bussi, Code 612. Qui a tué le Petit Prince ?, Presses de la Cité, 2021

– Par Catherine Chahnazarian

J’ai relu Le Petit Prince dans la perspective de découvrir le travail de Michel Bussi, et j’ai bien fait car les allusions et références sont si nombreuses qu’aborder Code 612 sans avoir en tête son inspirateur n’a pas de sens.

Quel sinistre livre, me suis-je dit en finissant Le Petit Prince. Solitude, dangers, incompréhension, séparations, culpabilité, disparition… Je comprends pourquoi ce conte m’avait laissé un sentiment très mitigé quand j’étais jeune : la poésie et les dessins ne compensaient pas ce sinistre sur lequel je peux mettre des mots aujourd’hui. Certes, j’y vois des messages, je perçois des symboliques, c’est un conte philosophique… mais les femmes sont inexistantes (je vous passe le détail de ce que je pense de cette rose), les adultes sont infréquentables (sauf l’allumeur de réverbères ?)… On se demande si l’auteur est misanthrope ou dépressif.

Code 612 est un travail de détective sur le « mystère Saint-Exupéry » pour ceux qui ne peuvent pas admettre qu’il ait simplement été abattu par un aviateur allemand au-dessus de la Méditerranée. Bussi promet d’explorer les deux questions qui taraudent de nombreux adeptes : Qui a tué Saint-Exupéry ? Qui a tué le Petit Prince ? (ça m’a fait un choc car je ne savais pas qu’il était mort), deux questions qui se situent sur des plans différents mais que Bussi mêle et dans lesquelles il s’emmêle parfois un peu (ça a gêné ma rationalité), comme il s’emmêle un peu dans les raisons de l’enquête que mènent ses deux personnages et reste confus sur qui sait quoi, en particulier à la fin où je n’ai pas compris si le commanditaire de l’enquête savait tout depuis le début ou a été lui-même manipulé et pour quelles raisons…

J’ai aussi été dérangée par cette énorme ficelle qui consiste en ce qu’un personnage (l’aviateur) soit le candide auquel l’autre personnage (la jeune détective rousse comme un renard qui sait tout du Petit Prince et de son auteur) va tout expliquer – ainsi donc qu’au lecteur. Les informations nécessaires se situant surtout au début du livre, les chapitres sont, en outre, disproportionnés, certains ne présentant qu’un faible intérêt.

Bref, je l’ai lu jusqu’au bout parce ça m’a amusée d’observer l’influence de la psychanalyse dans les relectures du Petit Prince, et aussi d’exercer ma mémoire pour décoder les références. Mais je n’ai pas été conquise par ce roman – qui est plutôt un conte, ou un étrange mélange des deux.

Peut-être que je n’aime pas les contes.

En tout cas, et l’enfant et la poète en moi vous le disent : le Petit Prince n’est pas mort. (Non mais sans blague !)

Catégorie : Littérature française.

Liens : CODE 612 aux Presses de la Cité ; LE PETIT PRINCE en Folio et en édition de collection ; des documents proposés par Gallimard.

Sang famille

Michel Bussi, Sang famille, Presses de la Cité, 2018

Par Sylvaine Micheaux.

Ce dernier roman de Michel Bussi, sorti aux Presses de la cité, est en fait son tout premier, légèrement remanié par l’auteur. Tous les premiers romans de cet écrivain ressortent petit à petit, maintenant qu’il est connu : bon filon pour l’éditeur…

Colin, bientôt 16 ans, orphelin à l’âge de 6 ans, est élevé par son oncle et sa tante. Au fond de lui, il espère, il sent qu’il ne sait pas tout de son enfance. Et quand l’occasion de partir en camp d’été de voiles à Mornesey, son île normande natale, se présente, il en profite pour essayer de retrouver sa petite enfance et répondre aux questions qu’il se pose.

Plus qu’un thriller, un bon suspense, cette histoire est un roman d’aventures, un « Club des Cinq  » pour adultes et ados. Colin se fait aider par Armand et Madiha, deux jeunes inscrits au camp comme lui. Il y a une évasion de deux détenus dangereux, un homme censé être mort qui réapparait, un jeune garde-champêtre intérimaire, Simon, plein de fougue, qui mène de son côté l’enquête.

Sang famille n’est certes pas le meilleur Bussi, mais un bon roman de détente, plein d’action.

Catégorie : Policiers et thrillers.

Liens : lisez.com.

On la trouvait plutôt jolie

Michel Bussi, On la trouvait plutôt jolie, Presses de la Cité, 2017

Par Sylvaine Micheaux.

On la trouvait plutôt jolie, Leyli, elle n’arrivait pas de Somalie, Leyli, mais du Mali.

Elle se démène, Leyli, pour offrir une belle vie à ses trois enfants. Après avoir obtenu enfin un CDI, elle se bat pour avoir un F5 (*) car à quatre dans un F2 c’est vraiment trop petit. Mais autour d’elle sévit une tueuse (en série ?) dont les victimes mâles, après avoir subi une prise de sang, meurent vidées de leur sang. Elle, ses enfants, Jourdain Blanc-Martin, le président millionnaire d’une association d’aide aux migrants, sont dans le collimateur de la police.

Un sacré suspense, dans l’air du temps sur fond de migrations clandestines et de traite d’humains. Une fin incroyable et introuvable qui donne envie de relire le bouquin pour comprendre comment on s’est fait embarquer alors qu’on croyait avoir tout compris très vite.

Bref, un bon polar, bien écrit – Bussi, quoi ! – pour pimenter vos vacances de fin d’année.

Catégorie : Policiers et thrillers (France).

Liens : chez l’éditeur.

(*) Typologie française indiquant le nombre de pièces que contient un appartement.

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