Un avenir radieux

Littérature française
Une brève de Pierre Chahnazarian

Le troisième opus (sur quatre prévus, d’après Lemaitre en interview) de la saga de la famille Pelletier, qui se déroule au cours des Trente Glorieuses, détonne un peu. Après deux formidables tomes (Le grand monde et Le silence et la colère), celui-ci me laisse sur ma faim. Après aussi deux ans d’attente.

Le début est bien, conforme à mes attentes, en tout cas, puis l’auteur s’enlise dans une histoire d’espionnage à Prague qui traîne en longueur. La guerre froide, ce n’est pas sa spécialité.

Bref, pas terrible mais, pour connaître la fin de l’histoire, s’il y en a une, il faudra se procurer le suivant !

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Pierre Lemaitre
Un avenir radieux
Éditions Calmann-Levy
2025

Toutes nos critiques de Pierre Lemaitre sont répertoriées sous son nom dans le classement alphabétique.

Le Silence et la Colère

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Littérature française
Par Anne-Marie Debarbieux

Le dernier roman de Pierre Lemaitre répond aux attentes de ses lecteurs qui attendaient avec impatience le nouveau livre où ils seraient plongés pendant près de 600 pages sans que l’intérêt ne faiblisse, au point de l’achever en pensant : « déjà ! ».

Second tome de la série commencée avec Le Grand Monde, ce récit met en scène des personnalités attachantes, ou à tout le moins intéressantes, avec leurs conflits ou affinités d’intérêt et de tempérament, sur fond d’une image de la France durant les 30 Glorieuses. Entreprise familiale avec son patriarche, milieu de la presse qui s’active sur tous les fronts, développement du grand magasin qui vend à prix cassés sans état d’âme pour les salariés sacrifiés à la loi du profit, village voué à la disparition pour que l’on construise un barrage, répression de l’avortement, Pierre Lemaitre nous dresse un tableau de quelques aspects de cette France qui revit. Et bien sûr des histoires d’amour ou de désamour qui jalonnent une histoire familiale évidemment complexe.

Ça fonctionne très bien parce que Pierre Lemaitre est à la fois très documenté – et son livre est à certains égards un véritable tableau de la France, celle des petites gens comme des décideurs –, et parce qu’il nous attache très vite à des personnages très humains. L’écriture est fluide, la narration bien rythmée, les personnages ont de l’épaisseur et les relations humaines et les histoires d’amour jalonnent tous les moments du récit.

Bref on attend impatiemment la suite !

*

Pierre Lemaitre
Le Silence et la Colère
Éditions Calmann-Lévy
2023

Le Grand Monde

Pierre Lemaitre, Le Grand Monde, Calmann-Lévy, 2022

— Une brève de Pierre Chahnazarian

J’ai fini le tome 1 de Pierre Lemaitre (*). Très bon, 4,5/5. Comme dit Calmann (ou bien est-ce Lévy ?), il s’agit d’une « plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses ». On suit les Pelletier, propriétaires d’une savonnerie à Beyrouth, et leurs quatre enfants, de Saïgon à Paris. Un assassinat, quelques meurtres, un psychopathe, un journaliste, une belle-soeur insupportable, une surprise, bref, on attend la suite !

(*) La nouvelle série qui s’ouvre avec ce roman s’intitule Les Années Glorieuses.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur ; présentation vidéo par l’auteur (2 min.) ; nos autres articles consacrés à Pierre Lemaitre listés à la lettre L du classement par auteur.

Trois jours et une vie

Pierre Lemaitre, Trois jours et une vie, Albin Michel, 2016 (disponible au Livre de Poche)

Par Brigitte Niquet.

Je ne connaissais de Pierre Lemaitre que son très mérité Goncourt de 2013 : enfin, un Goncourt qui relevait du chef-d’œuvre et, en plus, un livre populaire, accessible à tous, il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ça !

Je viens de découvrir par hasard une tout autre facette de cet auteur : depuis longtemps spécialiste du polar un peu tordu, il vient de sévir avec un nouveau livre que l’on pourrait ranger effectivement dans cette catégorie s’il ne prenait l’exact contre-pied des modèles du genre, puisque le lecteur sait depuis le début qui est le meurtrier : un pré-ado de 12 ans, Antoine, qui massacre un gamin de 6 ans sans savoir exactement pourquoi, dans une crise de fureur consécutive à la mort d’un chien. Affolé, il cache le corps dans un bois. La tempête apocalyptique de décembre 1999 va intervenir par là-dessus, effacer toutes les traces, et transformer cet acte barbare en crime parfait, celui dont on ne retrouve jamais l’auteur, d’autant plus que le cadavre n’étant jamais trouvé non plus, l’hypothèse d’un simple enlèvement demeure toujours plausible.

Comment Antoine, ballotté entre la culpabilité qui le ronge et l’angoisse d’être découvert, va-t-il pouvoir vivre, grandir, aimer avec cet abominable secret qui revient régulièrement le hanter malgré les stratégies qu’il déploie pour le neutraliser ? C’est tout le sujet de ce roman et tout l’art de Pierre Lemaitre de nous tenir en haleine jusqu’à la fin, jusqu’à un dénouement qui n’intervient que 15 ans plus tard, dénouement terrible bien qu’il soit plus suggéré qu’explicite, dénouement à la fois totalement imprévu et magnifiquement préparé comme la « chute » d’une nouvelle parfaite.

Si l’on ajoute le talent d’écriture dont Pierre Lemaître avait déjà donné toute la mesure dans Au revoir là-haut, et que l’on retrouve ici à son apogée (la description de la tempête et de ses ravages dans le village martyr de Beauval vaut celle de la vie dans les tranchées de 14/18), on ne peut que recommander cet ouvrage. Quand on le referme, on se dit : déjà ? Et pourtant, il fait 280 pages bien tassées. Vite, vite, que je me rue sur les autres livres du même auteur !

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez Albin Michel ; au Livre de Poche. Nos critiques des Pierre Lemaitre sont accessibles depuis le classement par auteur, à la lettre L.

Miroir de nos peines

Pierre Lemaitre, Miroir de nos peines, Albin Michel, 2020

Par Sylvaine Micheaux.

Voici enfin le dernier opus de la trilogie de Pierre Lemaitre, débutée par Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, et Couleurs de l’incendie, 2018.

Au revoir là-haut nous emmenait à la fin de la première guerre mondiale avec le retour des gueules cassées. Dans Couleurs de l’incendie, c’étaient les années folles, la crise de 1929 et la vengeance d’une femme flouée. Dans Miroir de nos peines, nous voilà en 1940 : la drôle de guerre, la débâcle et l’exode qui en découle.

Louise, la petite fille d’Au revoir là-haut, est une institutrice de trente ans qui fait des extras le week-end dans le café brasserie de M. Jules et va vite se retrouver dans une situation inextricable. Désiré, génial mythomane, ayant exercé, rapidement certes, les métiers les plus divers tels que chirurgien et avocat, gravit à toute vitesse les échelons du Ministère de l’Information, ou plutôt devrait-on dire de la Désinformation tant on essaie de garder le moral des français inquiets de l’avancée fulgurante de l’armée allemande, et participe à la création de Radio Paris (dont on dira, vous savez, « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »). Quant à Raoul, simple trouffion roublard et dégourdi, et Gabriel, son adjudant-chef, calme et honnête, ils survivent tant bien que mal dans le froid et l’humidité des souterrains de la ligne Maginot quand ils sont envoyés pour défendre, de l’avancée des blindés allemands, un pont sur la Meuse.

Un roman foisonnant, d’une écriture fluide, vive, par moment pleine d’humour. On suit avec plaisir ces personnages qui vont bien sûr se retrouver sur les routes de l’exode, avec en toile de  fond la grande Histoire, car tout est parfaitement documenté, et si tout est faux et inventé, tout est vrai aussi.

Miroir de nos peines peut, sans problème, se lire indépendamment des deux premiers opus.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur. Nos critiques des Pierre Lemaitre sont accessibles depuis le classement par auteur, à la lettre L.

Couleurs de l’incendie

Pierre Lemaitre, Couleurs de l’incendie, Albin Michel, 2018

Par Sylvaine Micheaux.

Même si Au revoir là-haut et Couleurs de l’incendie font partie d’une trilogie, ils peuvent se lire totalement indépendamment. Certes l’héroïne du tome 2 fait partie du tome 1 (elle est la sœur d’Edouard Péricourt), mais on ne revient quasi jamais sur la première histoire, et les 2 romans ont chacun un vrai début et une vraie fin. Je suppose donc que le tome 3 sera également indépendant.

On retrouve Madeleine Péricourt, jeune divorcée, mère de Paul (7 ans), fille de Marcel Péricourt (grand banquier), le jour de l’enterrement de son père, où se presse le Tout Paris. Son fils Paul, pour une raison inconnue, se défenestre au départ de la cérémonie. Gravement blessé, il va rester handicapé. Madeleine, seule héritière de la fortune de son père, va se consacrer uniquement aux soins de son fils, prêtant peu d’attention à la gestion de sa fortune et aux vautours qui l’entourent : Gustave Joubert, le bras droit de son père, et Charles Péricourt, son oncle, qui s’estiment grandement lésés et déshérités par le testament.

Dans le Paris flamboyant de l’entre-deux-Guerres, avec la crise de 29 qui se profile, la montée du fascisme et du nazisme, on retrouve les thèmes chers à Pierre Lemaître : la corruption politique, le pouvoir de la presse, les magouilles boursières, l’avidité au gain et la vengeance.

Très bon roman, très rythmé, plein d’imagination et de rebondissements (Pierre Lemaitre est au départ un auteur d’excellents polars et on le retrouve dans la fluidité de son écriture).

Catégorie : Littérature française.

Liens : Couleurs de l’incendie chez l’éditeur. Nos critiques des Pierre Lemaitre sont accessibles depuis le classement par auteur, à la lettre L.

Au revoir là-haut

Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin Michel, 2013 (Prix Goncourt 2013)

Par Sylvaine Micheaux.

Novembre 1918, la guerre la plus meurtrière de tous les temps touche à sa fin, mais le lieutenant d’Aulnay Pradelle décide d’envoyer ses troupes pour un dernier assaut – inutile – afin de glaner une ultime médaille. Lors de cet assaut, Albert Maillard se retrouve enseveli dans un trou d’obus et, sentant sa mort venir, il commence à dire  » au revoir là-haut » quand il est sauvé par un compagnon d’armes, Edouard Péricourt. Les deux survivront, même si Edouard fera partie des « gueules cassées », ayant sauté sur une mine.

Le retour à la vie civile est difficile. L’État oublie tous ces hommes qui ont donné leur vie et leur santé pour la France. Mais il y a de l’argent à se faire : si on n’aide pas les vivants, on honore les morts et les 2 amis vont monter une énorme escroquerie aux monuments aux morts. Les politiques, les banquiers, les opportunistes de tout poil ne sont pas en reste, pompant de l’argent de tout côté puisqu’il a été décidé d’enterrer décemment les millions de soldats morts.

Un livre jubilatoire, vif, incisif, cruel, sulfureux. Une autre manière de voir les années d’après-guerre 14-18.

Catégorie : Littérature française.

Liens : Au revoir là-haut chez l’éditeur. Nos critiques des Pierre Lemaitre sont accessibles depuis le classement par auteur, à la lettre L.

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