Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Le dernier des nôtres, Grasset, 2016
Par François Lechat.
J’avais beaucoup aimé Fourrure, le premier roman de l’auteure. J’ai donc acheté Le dernier des nôtres en confiance, d’autant qu’il venait de recevoir le Grand Prix du roman de l’Académie française. C’est dire à quel point je suis déçu… Je crois deviner ce qui a séduit les académiciens : un roman plus ambitieux que la moyenne, avec deux histoires qui s’entremêlent au départ de deux époques et deux pays, deux histoires qui nous font voyager entre le nazisme et les Etats-Unis de l’après 68. Le problème est que la partie américaine est bourrée de clichés, riche de quelques jolies trouvailles et d’une belle énergie mais conventionnelle à mourir (sauf le personnage du chien, Shakespeare, le plus réussi de tous). Et que le ton léger de la partie américaine déteint parfois sur le récit plus dramatique ancré dans le nazisme, et que celui-ci également, après un très beau début, s’enlise dans le convenu. C’est bien simple : au moment où l’auteure amorce la suture entre ses deux récits il se passe exactement, à un rebondissement près, ce que le lecteur avait anticipé. Ça ne suffit pas à gâcher totalement le suspense, mais si on ajoute que l’enjeu éthique auquel certains personnages ont été confrontés (des savants peuvent-ils travailler pour Hitler par patriotisme sans se brûler les ailes ?) est traité comme un sujet de dissertation, il faut bien conclure que l’auteure a raté son coup.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
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