Sarah Barukh, Elle voulait juste marcher tout droit, Albin Michel, 2017
Par François Lechat.
Pour son premier roman, l’auteure a choisi un thème propice aux œuvres majestueuses. Mais sa démarche est au contraire modeste, et lui permet de réussir son coup : redécouvrir les malheurs engendrés par le nazisme et l’Occupation par les yeux d’une petite fille, Alice, emportée dans des affaires d’adultes qui lui échappent et dont elle aura bien du mal à percer les secrets. C’est que personne ne veut lui dire qui sont ses parents, ni quels drames se dissimulent derrière la façade qu’on lui oppose, en France comme en exil. Tout repose dès lors sur notre complicité avec Alice, ses joies et ses peurs, ses chagrins et ses colères, sa volonté obstinée de ne pas s’en laisser conter, sa capacité, en grandissant, à bousculer le caractère rassis des adultes. Cela donne un roman parfois trop prévisible, un rien didactique vers la fin, mais sensible et prenant, aussi touchant que son héroïne, ce qui n’est pas peu dire. Avec des personnages secondaires (ils le sont tous, par comparaison avec Alice que l’on ne perd jamais de vue) à l’origine de scènes très fortes, qui renvoient le lecteur à ses souvenirs ou à ses rêves d’enfance. Seuls ceux qui ont grandi dans une famille sans histoire pourraient rester insensibles à force d’avoir été heureux.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
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