Robert Harris, Conclave, Plon, 2017
Par Catherine Chahnazarian.
Comme l’indique le titre de ce roman, le pape est mort. Un pape de fiction, bien sûr, dont des cardinaux de fiction vont élire le successeur. En tant que doyen, le cardinal Lomeli doit organiser le conclave. Il prie Dieu de lui en donner la force car il n’ignore pas – comment le pourrait-il ? – que certains de ses collègues sont ambitieux, que les conservateurs et les réformistes vont s’affronter et que plusieurs tours seront nécessaires pour que l’un des cardinaux remporte la majorité des deux tiers et soit élu.
Ce roman plein de suspense est comme étoilé d’un humour malicieux absolument délicieux. Les rebondissements vous tiennent en haleine et vous empêchent de poser le livre. On vit chaque événement dans le détail avec le cardinal Lomeli – le pauvre…
Un conclave comme si on y était. Formidable.
Catégorie : Policiers et thrillers (Grande-Bretagne). Traduction : Natalie Zimmermann.
Liens : Conclave chez l’éditeur ; nos autres critiques de romans de Robert Harris sont renseignées à la rubrique « par auteur ».
Je partage l’enthousiasme manifesté pour Conclave. Même les étourderies de la traductrice n’y peuvent rien : ce roman est une parfaite réussite, avec un suspense et des rebondissements dignes d’un polar. Robert Harris réussit le tour de force de mêler des passions et des intrigues parfaitement profanes, « humaines trop humaines » comme dirait Nietzsche, à une atmosphère de foi, de solennité et de recueillement qu’il maintient de bout en bout ; il ne se moque jamais de ses personnages, mais n’est jamais dupe non plus. Croyant ou incroyant, catholique ou anticlérical, chacun peut aimer ce livre qui nous fait rêver (on a rarement l’occasion de passer quelques semaines au Vatican !) tout en reposant sur une documentation époustouflante, distillée sans forfanterie.