Jean-Michel Guenassia, De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles, Albin Michel, 2017
Par François Lechat.
Un Guenassia en mode mineur, me semble-t-il. Avec des qualités qui ménagent un réel plaisir de lecture : une intrigue originale, un rythme soutenu, des personnages bien typés, des dialogues à la fois ciselés et réalistes, de la fluidité et des rebondissements bienvenus. L’ensemble, pourtant, déçoit un peu. D’abord, sans doute, parce que Guenassia a le défaut de ses qualités. Son texte est léger dans les deux sens du terme, certains événements auraient mérité davantage de soin, de mise en place, ou paraissent un peu faciles, trop habiles. Il manque des changements de ton, un peu de gravité, de quoi lester cette histoire qui touche à des thèmes essentiels, l’identité sexuelle, la famille, la paternité, la maternité, l’entrée dans l’âge adulte, la différence et la tolérance… Guenassia est victime de sa facilité d’écriture mais aussi, je crois, d’un mauvais point de départ : faire de son héros, Paul, le fil conducteur d’un récit initiatique sur la fluidité des genres à l’époque contemporaine, alors que Paul est simplement un garçon qui ressemble à une fille, pas tellement différent des autres mecs, hétéro tranquille et, surtout, personnage passif qui se laisse embarquer par les circonstances, ce qui le rend finalement assez fade alors qu’on s’attendrait à un concentré d’ambiguïté. Ce roman est fantaisiste et généreux, comme l’écrit l’éditeur, mais il aurait gagné à être plus ambitieux. Ceci dit, si vous aimez Guenassia, ne vous laissez pas décourager : c’est plaisant, et toute une série de scènes sont réussies.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
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