Antoine Laurain, La femme au carnet rouge, Flammarion, 2014 (disponible en J’ai lu)
Par Catherine Chahnazarian.
Je m’étais fait conseiller ce livre par une jeune libraire à qui j’avais demandé quelle histoire d’amour pourrait faire un bon cadeau de Saint-Valentin. Hélas, je ne partage pas son enthousiasme.
Laurain aime les livres et les auteurs. Il l’étale un peu naïvement dans un récit sans prétention tournant autour d’un sac volé et de la recherche, par un libraire qui l’a retrouvé par hasard, de sa propriétaire. Reconnaissons à une intrigue le droit d’être légère, surtout si elle se tient. Mais l’ensemble est terriblement alourdi de détails, de descriptions et explications sans intérêt pour l’action ou inutiles au lecteur. Ainsi, par exemple : « Il y avait peu de monde en cette saison à la terrasse du café et Laurent choisit une table “première ligne”, c’est-à-dire donnant directement sur le trottoir. Il s’installa sous l’un des brûleurs à gaz qui agrémentaient la terrasse afin de réchauffer les consommateurs. » Ou lorsque les deux concierges d’un hôtel s’inquiètent qu’une cliente n’ait pas libéré sa chambre à midi et demie et que l’un d’eux, monté voir ce qui se passe, la trouve inanimée sur le lit : « Le concierge décrocha le téléphone de la table de nuit et composa le 9, le numéro de la réception ». Celui qui ne saurait pas que le 9 est le numéro de la réception dans tous les hôtels du monde comprendrait pourtant l’action en lisant la phrase suivante : « Julien, dit-il, j’ai un problème avec la cliente de la 52… ». Laurain use et abuse aussi de petits flash-backs visiblement destinés à échapper au récit linéaire. Ils apparaissent malheureusement souvent comme autant d’explications rétrospectives et en rajoutent à ce défaut déjà si prégnant. Tout cela court-circuite le petit suspens qu’il aurait pu y avoir et empêche l’attachement aux personnages, trop plats, ne serait-ce que parce que l’auteur ne laisse pas de place à l’imagination du lecteur. C’est pourtant le troisième livre qu’écrit Laurain et, d’après la quatrième de couverture, il serait déjà traduit dans quatorze langues.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez Flammarion ; en J’ai lu.
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