Myriam Leroy, Ariane, Don Quichotte éditions, 2018
Par François Lechat.
Curieux livre, assez déroutant. Je l’ai acheté sur le conseil de différents critiques, mais sans bien savoir à quoi m’attendre. En lisant les premières pages, j’ai eu peur d’avoir affaire à un roman un peu pincé, trop soigné, une prose légèrement précieuse dans le genre parisien. Puis, première surprise, j’ai découvert que l’histoire se déroule tout entière en Belgique, dans une petite province au sud de Bruxelles, ce qui est tout de suite moins glamour. Mais j’ai apprécié le ton finalement naturaliste adopté par la narratrice, qui fait le récit d’une amitié fusionnelle entre deux adolescentes qu’une barrière de classe aurait dû séparer. Ou plutôt, j’ai apprécié ce côté naturaliste aussi longtemps que la province belge et les délires adolescents n’étaient pas trop glauques. Or ils le deviennent, au fil du roman, et si on peut rendre grâce à l’auteure de n’avoir reculé devant rien, on aurait aimé un langage moins cru, pour ne pas dire moins vulgaire. D’autant que si une de ses deux héroïnes n’est pas banale et ne s’oublie pas, le thème n’a rien d’original, et les provocations des adolescentes ne brillent « ni par le goût, ni par l’esprit », comme le chantait Brassens. J’ai donc suivi cette intrigue avec une sympathie un peu déclinante, sans jamais m’ennuyer (il y a du verbe et de l’action…), mais en craignant que la fin ne soit too much. Mais là, au contraire, une certaine sobriété reprend le dessus, avec de la finesse et un joli sens de l’ellipse dans les dernières pages. Il n’empêche : si ce livre est loin d’être médiocre, il demande un estomac bien accroché. Et, surtout, évitez-le si vous habitez Nivelles, l’épicentre de l’action – ou alors, profitez-en pour enfin vous résoudre à déménager…
Catégorie : Littérature francophone (Belgique).
Liens : donquichotte-editions.com
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