Julian Fellowes, Belgravia, JC Lattès, 2016 (10/18, 2017)
Par François Lechat.
Comme une vulgaire savonnette, Julian Fellowes, l’auteur de la série télévisée Downton Abbey, est devenu une marque, ainsi que le souligne avec emphase son éditeur. Est-ce pour cela que son dernier roman est moins bon que le précédent, Passé imparfait ? Ce dernier était subtil, intelligent, avec des notations sociologiques pleines de finesse. En comparaison, Belgravia semble avoir été écrit un peu trop vite, à partir d’un synopsis qui en vaut en autre — un marchand, au 19e siècle, voit son ascension sociale menacée par un secret de famille — mais qui n’a rien d’original. Car on a déjà vu, chez Fellowes et ailleurs, l’aristocratie anglaise et la bourgeoisie s’affronter à fleurets mouchetés, et les domestiques s’avérer moins dévoués à leurs maîtres qu’il n’y paraît. Et le début du roman donne l’impression d’aller trop vite, comme si Fellowes n’était pas pleinement impliqué dans son sujet. Reste une intrigue solide, développée avec talent (il y a un vrai suspense, et on s’attache à plusieurs personnages de femme), mais dont on devine pas mal de rebondissements à l’avance. Dans l’ensemble, ce livre semble écrit avec plus de métier que d’inspiration. A ne pas manquer si l’on est un inconditionnel de l’auteur et de son univers, mais ce n’est pas le meilleur moyen de l’apprécier : Passé imparfait est largement supérieur, tandis que Downton Abbey est une merveille.
Catégorie : Littérature anglophone (Royaume-Uni). Traduction : Valérie Rosier et Carole Delporte.
Votre commentaire