La Sainte Touche

Djamel Cherigui, La Sainte Touche, JCLattès, 2021

— Par Catherine Chahnazarian

C’est d’abord la tchatche du narrateur qui m’a attirée vers ce roman. Un style oralisant, pseudo relâché et socialement marqué mais très maîtrisé. Des images très littéraires sur un bavardage qui a l’air vulgaire : j’ai pensé un instant à La vie devant soi, de Romain Gary (Emile Ajar à l’époque). J’avais commencé à lire dans la boutique ; j’ai dû acheter le livre pour pouvoir continuer.

Certains mecs jouaient aux cartes et picolaient pour agrémenter la partie. D’autres buvaient juste pour le plaisir de boire. Tous trinquaient, tous hurlaient, c’était le Moyen Age, l’exaltation, la furie ! La fumée épaisse des joints déboussolait les sens. On naviguait en plein brouillard, ça chantait à tue-tête, ça dansait. Les gueules tordues se tordaient davantage. C’était une aliénation contagieuse, une émulation cataclysmale.

Voilà, vous avez le ton, le rythme, le milieu concerné, le genre de gaillards. Il ne vous reste qu’à découvrir le narrateur.

A le lire sans savoir, on pourrait croire que l’auteur est marseillais : l’auto-dérision, les hyperboles, le débit rapide, le vocabulaire des quartiers… Mais c’est Roubaix, sa base, et on fera même des incursions en Belgique. Pas pour visiter les beaux monuments des vieilles villes.

Un divertissement très pétillant. Même s’il n’est pas interdit de prendre certaines choses au sérieux, comme sa diatribe parodique sur le thème « Fini le temps où… », dont je ne vous livrerai qu’un tout petit morceau : Finie l’époque des tapeurs, des poseurs, des mecs qu’on jetait dans les égouts et qui en ressortaient avec une Rolex au poignet.

Catégorie : Littérature française.

Liens : Chez l’éditeur.

Un commentaire sur “La Sainte Touche

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  1. J’ai beaucoup aimé ce petit roman, très drôle et beaucoup plus fin qu’il ne semble au premier abord. L’écriture très originale est de celles auxquelles on adhère tout de suite pleinement ou auxquelles on reste complétement extérieur.
    Je n’ai pas pensé à Emile Ajar (mais je suis d’accord avec Catherine sur ce rapprochement), j’ai pensé aux premiers romans de Pennac : même dépaysement, mêmes personnages complètement décalés et pourtant si attachants.

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