La Rivière Pourquoi

David James Duncan, La Rivière Pourquoi,
Monsieur Toussaint Louverture, 2021
(1983 pour la première édition aux U.S.A., 1999 pour la première traduction en français chez Albin Michel)

— Par Catherine Chahnazarian

Gus Orvsiton a – c’est de famille – un goût immodéré pour la pêche. C’est un ours sauvage et poétique, aussi rationnel que délirant. Car, entre des parents très différents l’un de l’autre et un frère différent tout court, puis un ami original, Gus développe à la fois des connaissances pratiques voire terre-à-terre, un esprit scientifique salvateur et une sorte d’ouverture d’esprit à toutes les imaginations, croyances, fois et déités. Il nous raconte avec un bagou savoureux sa naissance, son enfance, son départ du nid familial et sa manière à lui de devenir un homme : ses expériences solitaires et sociales, ses obsessions et ses tentatives de rester sain d’esprit ; sa vie dans les paysages dynamiques de l’Oregon. Montagnes, forêts attirantes et rivières pleines de méandres, de rapides et de pools poissonneux constituent les décors de ses aventures concrètes (car Gus se mouille !) et spirituelles. Vous verrez que la pêche dans tous ses détails est un remarquable support pour ce qu’on pourrait qualifier de roman d’apprentissage, ouvrant sur l’action et la réflexion, le cocasse et le romantique. On rit, on craint, on espère, on passe par toutes sortes d’états avec ce personnage extraordinaire et improbable, admirablement construit, sans qu’à aucun moment il ne nous lasse ou déçoive. C’est que l’ensemble est riche et impliquant – et d’ailleurs un peu exigeant. La plume de David James Duncan – dont la traduction tient de l’exercice d’acrobatie — doit être saluée pour son originalité et sa capacité à nous ferrer en douceur et ne plus nous lâcher.

Catégories : Redécouvertes, Littérature anglophone (U.S.A.). Traduction : Michel Lederer (revue et corrigée pour cette édition).

Lien : chez l’éditeur.

Un commentaire sur “La Rivière Pourquoi

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  1. Après lecture, je partage pleinement les louanges de Catherine, en particulier en ce qui concerne la richesse et l’audace de ce livre. Avec un bémol, cependant : à côté d’un humour presque constant, il y a quelques tunnels, méditatifs, oniriques ou descriptifs, trop longs à mon goût (mais que l’on peut sauter sans guère de dommage). Et avec une raison supplémentaire d’essayer ce roman de très haut niveau : il décrit, sur de longues pages, le coup de foudre le plus émouvant, le plus original, le plus amusant que j’ai jamais lu. Ce personnage féminin-là, c’est un soleil.

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