
Irene Solà, Je chante et la montagne danse, Seuil, 2022
— Par Catherine Chahnazarian
Cette histoire, très forte et très originale, se déroule dans les Pyrénées espagnoles, près de la frontière française, dans une de ces montagnes par lesquelles les républicains, soldats et civils, sont passés pour fuir les franquistes. Quand commence le roman, le pays est marqué par ce passé récent. Il est aussi imprégné de croyances ancestrales. Et on ne peut pas être sûr que ce soit un roman : c’est d’abord un morceau de poésie, un peu mystérieux, puis un autre ; et chaque chapitre fait entendre une autre voix, sans qu’on puisse jamais prévoir laquelle car tout est possible sous la plume d’Irene Solà. Mais, progressivement, le dessin se forme d’un village avec quelques maisons isolées, des familles, la vie et la mort qui les ampute et les agrandit. Et l’air pur, l’eau vive, la forêt vivante font négliger le temps qui passe car tout cela semble ne pas pouvoir se poser sur du temps — jusqu’à ce qu’une télévision ou une voiture rappellent que c’était à peine hier et, à la fin, c’est même aujourd’hui.
Un roman d’une originalité et d’une poésie folles. Dont il ne faut pas lire la quatrième de couverture si l’on veut profiter des inattendus, avancer soi-même pas à pas dans la montagne et dans le temps. À lire en version originale si l’on maîtrise à la fois le castillan et le catalan. Mais la traduction française est formidable.
Catégorie : Littérature étrangère (Espagne). Traduction : Edmond Raillard.
Lien : chez l’éditeur.
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