Adrienne Weick, La septième diabolique, Robert Laffont, 2022
— Par François Lechat
Grand Prix des Enquêteurs 2022, ce faux polar est surtout un livre érudit destiné à un public lettré. Il y a certes une enquête, et un suspense qui augmente doucement au fil des chapitres pour devenir prenant vers la fin. Mais on sent qu’il s’agit d’un premier roman, plus appliqué qu’inspiré. Par contre, c’est un vrai plaisir si l’on aime les vieilles pierres et la littérature. Car l’enquête menée ici par un étudiant de bonne volonté et un homme de lettres acariâtre tourne autour de Jules Barbey d’Aurevilly, l’auteur des Diaboliques (1874), un recueil de six nouvelles qu’on ne lit plus guère aujourd’hui mais qui conserve une réputation flatteuse.
Barbey, auteur et critique littéraire catholique, a dû retirer de la vente ces récits sulfureux, axés sur les passions, le sexe et la mort. La belle idée d’Adrienne Weick est d’imaginer que Barbey aurait écrit une septième Diabolique mais ne l’a pas publiée pour éviter de compromettre un ami. Nos Pieds Nickelés se lancent à la poursuite de ce texte après avoir découvert une lettre qui l’évoque dans une cache secrète d’un vieil hôtel particulier de Valognes, une des villes du Cotentin où Barbey a grandi. L’enquête, longue et difficile comme il se doit, se déroule donc dans une atmosphère délicieusement rétro : il y a des couloirs souterrains et un château disparu, une femme fatale et des ecclésiastiques lettrés, des manuscrits empoussiérés et un bibliothécaire revanchard, une photo qui en cache une autre, une pré-ado culottée nommée Cassandre… Cela sent bon la province en hiver, les personnages chabroliens et l’amour de la littérature. Quant à savoir si cette septième Diabolique existe et si elle nous sera donnée à lire… A vous de le découvrir, ça en vaut la peine.
Catégorie : Littérature française.
Lien : chez l’éditeur.
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