Cent millions d’années et un jour

On a tellement aimé Veiller sur elle (Prix Goncourt 2023) qu’on a décidé de lire les premiers romans de Jean-Baptiste Andrea, qu’on ne connaissait pas. D’où cette mini-série « On a lu tout Jean-Baptiste Andrea » — en attendant le prochain.

L’ordre de nos articles suit l’ordre des publications : Ma reine (2017), Cent millions d’années et un jour (2019), Des diables et des saints (2021).

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Littérature française

Catherine Chahnazarian

Pourquoi n’a-t-il pas été primé, ce roman-ci ? Parce qu’il venait en second après Ma reine (prix du Premier roman 2017 et bien d’autres) et qu’on l’a examiné sous toutes les coutures avec trop d’exigence ? Moi j’ai adoré. Avidité de connaître la fin, emprise de la montagne sur mon imagination, admiration pour l’auteur, empathie, bien sûr, pour Stan, le narrateur.

Andrea nous offre à nouveau une histoire simple, originale et captivante mais que vont complexifier et renforcer des fils secondaires. Ici, cela monte en puissance et la tension dramatique devient si aigüe qu’on se croirait dans un thriller. Un archéologue d’une cinquantaine d’années part en expédition à la recherche d’un squelette de dinosaure – ou à la poursuite d’une chimère ? – dans cet univers fantastique, magique, qu’est la haute montagne, si loin de nos vies ordinaires.

Andrea possède l’art subtil de peindre progressivement ses personnages, de les densifier au cours du récit, de travailler les émotions, la souplesse de la pâte humaine. Certains chapitres commencent de manière énigmatique, polysémique, obligeant à continuer à lire pour comprendre de quoi il s’agit. J’adore cette manière qu’a l’auteur de me prendre la main et de me demander de sauter. S’il abuse un peu, dans ce roman-ci, de comparaisons et de métaphores parfois très imaginatives au point que le lecteur y bute, son style poétique s’y forge une qualité exceptionnelle.

Et j’ai savouré cette aventure, relisant certains paragraphes avant de me lancer dans la suite, juste pour être sûre de n’avoir pas manqué un zeste de beauté. Et puis pour faire durer le plaisir : il reste encore quelques chapitres, tout est possible ; il reste quelques pages, on ne sait jamais…

Florence Montségur

Presque un thriller, oui, tout à fait d’accord ! Avec des flashbacks éclairants mais en même temps une action qui tire le lecteur sans cesse vers la suite. Un bon travail sur la temporalité. Avec le merveilleux de Ma reine et quelque chose que je n’arrive pas à expliciter. Un impressionnisme ? Jouant sur ce fantasme que nous avons tous de partir à l’aventure, sur nos peurs aussi. Les quatre personnages sont spéciaux, chacun à sa manière. L’ambiance vient de la montagne mais aussi de leur personnalité.

Je n’en ai fait qu’une bouchée.

*

Jean-Baptiste Andrea
Cent millions d’années et un jour

Édition originale : L’Iconoclaste
2019
Disponible en Folio.

Tous nos articles sur Andrea sont référencés dans le classement par auteur.

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