Marina de Van, Rose minuit, Allia, 2016
Par François Lechat.
Scénariste de films fameux de François Ozon, Marina de Van confirme ici un certain goût pour l’intime, les névroses et la provocation. Ce roman très écrit met en scène un double affrontement entre un père vieillissant et sa fille, d’abord à l’initiative du premier, qui fait preuve d’un cynisme inouï à l’égard de celle qu’il accuse d’avoir provoqué le cancer de son épouse disparue, ensuite à l’initiative de la seconde, qui lui réplique sur le même terrain : obliger l’autre à raconter sa vie sexuelle et, ainsi, à touiller dans son passé, ses complexes, son enfance, ses frustrations, l’enfer de la vie conjugale et familiale… Même s’il n’est pas à mettre entre toutes les mains, ce roman offre d’abord une remarquable analyse psychologique qui donne tout son sens à ce qui, sinon, passerait pour du voyeurisme. Sartre disait : « Il n’y a pas de bon père, c’est la règle, le lien de paternité est pourri. » Ce n’est pas une fatalité, et ce roman le montre entre les lignes, car tout aurait pu bifurquer si le père n’avait pas été lui-même si abîmé par la violence de son propre géniteur. Rose minuit, ou comment ne pas perpétuer le mal qu’on nous a fait ?
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
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