J.P. Delaney, La fille d’avant, Mazarine, 2017
Par François Lechat.
C’est un des thrillers du moment, précédé d’une campagne marketing très efficace. On nous fait savoir que l’auteur est bien connu et publie ici son premier thriller sous pseudonyme, que les droits de l’ouvrage ont déjà été vendus dans 35 pays et que le livre sera adapté au cinéma par Ron Howard. Autrement dit : plaisir garanti, puisque tout le monde y croit. De fait, c’est un excellent roman de plage, mais à conseiller plutôt à un public pas trop aguerri. L’auteur a placé le meilleur au début : une construction en alternance (deux époques, deux femmes) qui tisse habilement le destin de ses deux héroïnes autour d’une même maison et d’un même homme. Tout ce qui est arrivé à Emma trouve son prolongement exact dans l’histoire de Jane parce qu’elles ont loué, l’une après l’autre, une maison inouïe dans la banlieue de Londres, un cube high-tech et minimaliste dans lequel aucun appareil n’est visible à force d’automatisation et de sophistication. Avec un os, néanmoins : pour avoir le privilège d’y habiter, il faut admettre un code de comportement draconien imposé par un architecte mégalomane qui, bien sûr, va rencontrer ses locataires et les embarquer dans une histoire inquiétante… La mise en place est remarquable, l’histoire se déploie ensuite de manière trop maîtrisée, et l’on accueille avec plaisir le moment où quelques retournements de situation remettent du sel dans une histoire qui semblait pliée. Il n’empêche que le final peut décevoir les habitués du genre, qui l’auront sans doute anticipé. Je reviens donc à mon verdict initial : ce livre sans un poil de graisse est à recommander aux lecteurs occasionnels, qui le trouveront épatant. Les autres apprécieront de découvrir un thriller dont le véritable héros est une maison.
Catégorie : Littérature étrangère anglophone (USA).
Liens : chez l’éditeur.
Je souscris absolument à ce que dit François Lechat. J’ai lu « La fille d’avant » sur ma liseuse à un moment où je n’étais pas en situation de rédiger une critique et, après, je ne me souvenais plus assez bien de l’intrigue et, à vrai dire, je n’avais pas très envie de « m’y coller », vu les limites du genre qui est loin d’être mon favori et aussi vu l’avalanche de critiques dithyrambiques (trop peu nuancées, à mon avis) qui existait déjà. Mais bon, en vacances, sans avoir rien de mieux à faire ni à lire, pourquoi pas ? Le thème est original, la construction intéressante et le suspense bien mené. On passe un bon moment mais on oublie vite une fois le livre refermé. C’est le propre des « livres de l’été ».