Alma Brami, Qui ne dit mot consent, Mercure de France (Coll. bleue), 2017
Par Sylvaine Micheaux.
Qui ne dit mot consent est sans conteste un très bon roman. L’ai-je aimé ? Très difficile pour l’instant de le dire. Il est superbement écrit, le sujet en est parfaitement maitrisé, mais il m’a angoissée, énervée, interpelée et je n’ai pu malgré tout qu’aller au bout de ma lecture pour savoir, pour comprendre.
Alma Brami nous fait entrer dans la famille d’un pervers narcissique, Bernard. Peu à peu, il a éloigné son épouse de ses amies, lui choisissant ses propres amies (petites amies), lui achetant une superbe maison, à la campagne, éloignée de tout et tous. Mais Emilie, son épouse, l’aime tellement, et bien sûr, Bernard l’aime tellement et elle seulement. Et l’état d’Emilie se dégrade, lentement ; encore plus après le départ de leurs enfants devenus adultes.
On pénètre une réalité terrible. C’est Emilie qui raconte durant tout le livre. Les mots sont infiniment bien choisis, doux pour décrire une vie complètement détruite, l’anéantissement de l’estime de soi et le besoin immense d’amour.
A lire, mais attendez-vous à prendre une sacrée claque.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur.
Ah les pervers narcissiques ! Ils ont, bien sûr, toujours existé mais depuis que la psychanalyse leur a assez récemment donné un nom, ils pullulent en littérature comme au cinéma (voir par exemple « L’amour et les forêts » d’Eric Reinhardt ou le beau film de Maïwenn « Mon Roi »). Celles qui ont vécu ce drame « pour de vrai » et s’en sont sorties doivent lire ces livres ou voir ce film pour se sentir moins seules et se réjouir de leur victoire, souvent très chèrement acquise. Celles qui en ignorent tout peuvent aussi s’y intéresser, sait-on jamais ? Elles prendront « une sacrée claque », comme dit Sylvaine, mais au moins elles seront averties de ce que peut receler l’âme humaine (masculine en grande majorité) sous des dehors souvent charmeurs.