Jérémy Fel, Les loups à leur porte, Rivages, 2015
Par Brigitte Niquet.
Si vous aimez les suspenses haletants, les thrillers mâtinés de gore qui ne dédaignent pas les incursions vers le fantastique, ce livre est pour vous. Mais si vous aimez les loups et trouvez usurpée leur réputation de sauvages prédateurs, abstenez-vous. Ils sont ici le symbole du mal dans toute sa splendeur, dans toute son horreur. « Si j’étais loup, je porterais plainte pour diffamation », a écrit un critique.
Ça commence par l’histoire du jeune Daryl qui met le feu à la maison familiale et regarde avec délectation ses parents y brûler vifs. Puis, il n’est plus question de lui au profit des « héros » des chapitres suivants dont chaque titre est un prénom : Duane, Claire, Clément, Mary Beth, Scott… On a l’impression de lire un recueil de nouvelles ayant pour thématique « les psychopathes meurtriers ». Il faut attendre un bon moment pour comprendre qu’il s’agit bien d’un roman, à la construction diabolique – et très compliquée –, dont on ne peut apprécier la qualité que petit à petit jusqu’au bouquet final, à condition toutefois d’ingurgiter le livre d’une seule traite (454 pages quand même) un jour de pleine forme ou de farniente sur la plage. Si vous avez tendance à lire à petites doses chaque soir en piquant du nez sur le livre dès que le sommeil vous gagne, quand un personnage du chapitre 2 fait une incursion au chapitre 10, vous êtes enclin à vous demander : qui c’est, celui-là ? Retour en arrière nécessaire, feuilletage fébrile du bouquin, relecture… Un conseil : prenez des notes dès le début sur qui est qui et qui a fait quoi, qui est le fils (frère, oncle, neveu, père…) de qui, ça aide !
Cette réserve mise à part, Jérémy Fel en étant à son premier roman, on ne peut qu’admirer sa maîtrise, que beaucoup comparent à celle de Stephen King, sur les traces de qui il marche incontestablement. Confirmera-t-il son appartenance à cette lignée ? Difficile à dire car il n’a rien publié d’autre depuis 2015. Mais ça bouillonne peut-être dans le chaudron du sorcier…
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur ; voir également notre critique d’Helena, du même auteur.
Votre commentaire