Sorj Chalandon, Le Jour d’avant, Grasset, 2017
Par Sylvaine Micheaux.
J’ai un faible pour Chalandon, et Le Jour d’avant est vraiment mon coup de cœur de la rentrée.
Nous sommes dans la région des mines, Liévin. Joseph et Michel Flavent, fils d’agriculteur, ne veulent pas suivre les traces de leur père. Ils sont fous d’automobiles et de Steve McQueen dans Le Mans. Joseph, l’ainé, n’ayant pas les moyens d’avoir le bolide rêvé, s’éclate en retapant une vieille pétrolette. Il sera d’abord mécanicien, mais ne voulant pas passer pour un lâche rejoindra finalement, à 20 ans, ses copains à la mine, fosse 3 à Liévin, comme si c’était écrit qu’il faille y descendre. Michel, le petit frère, en adoration devant Joseph, compte bien le suivre.
La vieille du 27 décembre 1974, les deux jeunes font une virée nocturne en mobylette. Ce sera la dernière, car le lendemain à 6 h 19, c’est le coup de grisou dans la fosse 3, mal entretenue après cinq jours d’arrêt pour Noël. Quarante-deux corps seront remontés. Joseph, blessé, ne mourra que quelques jours plus tard et ne sera pas compté comme victime de la mine.
Se développent en Michel, inconsolable, une colère et une haine contre les houillères et le chef porion qui n’a pas bien fait son boulot, attisées lors du suicide du père qui lui demande de les venger de la mine. Michel quitte la région, se marie, mais entretient sa colère en collectionnant tout ce qui se rapporte à la mine, à Liévin, aux camarades décédés. Quarante ans après, au décès de sa femme, il décide de retourner dans sa région.
On oscille donc, dès le départ, entre 1974 et 2014. Il se passe ensuite beaucoup de choses et des révélations très étonnantes. Je n’en dirai pas plus. Mais les choses ne vont pas forcément se passer telles qu’on les imagine.
C’est un roman fort, prenant, parfois violent, mais tellement émouvant et étonnant. On se remémore une réalité, oubliée depuis 40 ans. Une belle peinture d’une époque et d’une terrible humanité.
Catégorie : Littérature française.
Liens : chez l’éditeur. Images et interviews d’époque sur France 3. Et pourquoi pas, dans un autre genre, Steve McQueen au Mans.
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