Frank Bill, Chiennes de vies, Gallimard, 2013 (existe en Folio)
Par Catherine Chahnazarian.
Dans ces « chroniques du sud de l’Indiana », d’un noir foncé, l’auteur a résolument pris le parti de dire la violence qui sévit dans des coins pauvres à mourir — c’est le cas de le dire. Chaque épisode peint un tableau précis dans lequel est parfois repris un des personnages ou un des événements dont il était question dans le précédent, composant ainsi, de scène en scène, une représentation franchement moche d’une Amérique dont il n’y a aucune raison de rêver. Les armes, dont les personnages sont si familiers, constituent les principaux accessoires de ces scènes ; elles font des dégâts, bien sûr, sur fond de misère, de trafic de drogue, de stress post-traumatique, de maladie mentale, etc. Certaines histoires sont un peu gratuites, mais d’autres sont plus substantielles ; ici le style se cherche (et tombe dans la caricature de cette écriture vulgaire des romans réalistes américains), là il coule de source ; parfois le message est trop gros, d’autre fois l’auteur se contente d’imprimer en vous une image marquante. L’ensemble est donc un peu irrégulier (c’était une première publication pour Frank Bill) et il faut aimer le noir, mais, pour chacune de ces histoires, on se demande comment elle va finir et les personnages sont bien campés. On est même prêt à s’attacher à certains d’entre eux, comme ce flic de campagne, Moon, qu’on verrait bien revenir dans un roman.
Catégorie : Nouvelles (U.S.A.). Traduction : Isabelle Maillet.
Liens : chez l’éditeur. Gallimard a aussi publié le premier roman de Frank Bill, Donnybrook (2014), et on peut imaginer que The Savage paraîtra bientôt en français.
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