Le Soleil des rebelles

Luca di Fulvio, Le Soleil des rebelles, Slatkine & Cie, 2018

Par François Lechat.

Curieusement, c’est L’Obs qui m’a donné envie d’acheter ce livre. Je dis « curieusement », car au cours de sa critique très élogieuse le journal n’a pas précisé un point essentiel : ce très bon roman dans son genre est un roman de genre, que je rangerais dans la littérature jeunesse. Je sais que c’est un peu fort pour un pavé de 630 pages, mais je ne vois pas comment le qualifier autrement. Car cette histoire, prenante dès la première page, menée tambour battant, avec tout ce qu’il faut de suspense, d’action, d’émotion (une jolie scène d’amour, entre autres) et de rebondissements, reste en même temps terriblement conventionnelle, pour ne pas dire prévisible. Il y a de belles inventions, dont Hubertus, un rat qui prend une certaine importance au début du récit, et Emöke, une femme victime qui devine l’avenir et connaîtra un deuxième amour. Mais les nobles sont soit cruels soit faits pour régner, les femmes sont aimantes et dévouées, le curé est généreux mais couard, le chef des rebelles a un grand cœur, le héros apprend à surmonter ses faiblesses, l’amour frappe même la brute la plus sanguinaire… Tout cela n’est pas grave si l’on prend ce roman pour ce qu’il est, un récit d’aventures haut en couleur, à lire par pur divertissement, comme le synopsis d’une série télévisée. A recommander aux ados, qui prendront plaisir à voyager dans le temps (le 15e siècle) et l’espace (dans le saint empire romain germanique).

Catégorie : Littérature étrangère (Italie). Traduction : Françoise Brun.

Liens : chez l’éditeur ; la critique de L’Obs.

Un commentaire sur “Le Soleil des rebelles

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  1. Je comprends bien votre critique. Je suis en train de lire « Les enfants de Venise », du même auteur, paru en 2017, et je m’ennuie, malheureusement. C’est bien écrit, bien construit, ça aurait pu… Mais on dirait que toute l’énergie qu’investit di Fulvio passe dans l’aventure (il y a beaucoup d’action) tandis que la psychologie reste faible. Les personnages manquent d’épaisseur, le déroulement est peu surprenant, surtout pour ce qui est des comportements. Aussi, le lecteur n’a aucun effort à fournir : tout est expliqué, les descriptions sont précises même pour les éléments accessoires, les raisonnements sont déroulés jusqu’au bout après qu’on ait compris. Pourtant le roman est long (988 pages en Pocket) et il faut de temps en temps aller voir un mot au dictionnaire, les très jeunes seraient sans doute mal à l’aise devant cet ouvrage. On peut donc se demander quel genre de lecteur vise di Fulvio.
    Dans « Les enfants de Venise », qui se déroule au début du 16e siècle, les juifs, ostracisés à un degré qui rappelle l’Histoire européenne récente, pourraient faire partie d’un message humaniste de l’auteur, mais même cela manque d’épaisseur et ce sont avant tout les bandits et les voleurs qui se disputent l’avant-scène. Un drôle de roman donc, que je ne recommande pas. Je ne suis d’ailleurs pas sûre de le finir (je suis à la p. 323), ou alors en me mettant à lire très en diagonale. Dommage.
    Catherine Chahnazarian

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