Franck Thilliez, Le manuscrit inachevé, Fleuve noir, 2018 (disponible en Pocket)
Par Catherine Chahnazarian.
Une jeune fille dont les mèches blondes dépassent joliment de son bonnet de laine. Une maison isolée dans les dunes, près de Berk, battue par des vents rageurs chargés de sable. La chambre encombrée d’un petit hôtel où un flic visionne des images terribles. Des routes enneigées cernées de noires montagnes. Des chemins perdus dans des forêts hostiles. Le silence, la peur, les coups. Et puis tous ces moments où les personnages se prennent la tête entre leurs mains : Bon sang, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Car, d’un côté, Vic, un flic au bord du désespoir, écoeuré, fatigué mais acharné et, d’un autre côté, Léane, la mère brisée d’une jeune fille disparue, mènent chacun une enquête qui nous entraîne dans le glauque, le gel et la violence, dans l’impossible, la folie, l’horreur.
Ce roman policier qui a tout du thriller psychologique est complexe – sans qu’on s’y perde car l’auteur sait rappeler les noms ou les lieux quand il le faut – et nous fait l’honneur de s’adresser à notre intelligence. Car nous, lecteurs, qui cherchons aussi à comprendre, les regardons tous deux avancer vers leur vérité sans savoir ce que l’autre a découvert ; nous qui pouvons recroiser leurs informations, nous faisons hypothèse sur hypothèse. Mais nous sommes pris au dépourvu à chaque nouvelle révélation. Les actions, les rebondissements se succèdent, nous gambergeons, mais nous sommes englués dans la complexité de l’affaire, dans la souffrance des enquêteurs, dans l’atmosphère visqueuse et glaciale qui ne quitte pas le livre un seul instant.
Je ne suis pas sûre qu’il était nécessaire d’enchâsser deux histoires de manuscrits inachevés à une intrigue qui se suffisait à elle-même, mais Franck Thilliez écrit de mieux en mieux et comme son inventivité, son sens de la construction et du rythme sont remarquables, il atteint un niveau qui lui fait bien mériter son succès.
Catégorie : Policiers et thrillers.
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