Une bête au Paradis

Cécile Coulon, Une bête au Paradis, L’Iconoclaste, 2019

Par Sylvaine Micheaux.

Une ferme isolée, dans un lieu-dit le Paradis, les années 50. Y vit Emilienne, paysanne veuve dure à la tâche, taiseuse mais pleine d’humanité, qui doit élever ses petits-enfants, Blanche 5 ans et Gabriel 3 ans, qui viennent de perdre leurs parents dans un accident tout près de la ferme. Pour l’aider : Louis, un ado battu par son père qu’elle va recueillir, Louis le commis qui, s’il est indispensable à Emilienne et à Blanche, ne sera jamais considéré comme de la famille mais plutôt comme un animal domestique indispensable, qu’on paye et à qui on est attaché.

Blanche, toute petite qu’elle est, va tomber de suite en amour pour cette terre qu’elle n’a aucune envie de quitter. Gabriel, lui ne se remet pas de la mort de ses parents et reste un enfant calme, solitaire et inefficace pour le travail quotidien, vivant dans ses rêves et qu’on ne dérange pas. Vers 16 ans, Blanche qui est jolie fille tombe follement amoureuse d’Alexandre, l’adorable beau gosse plein d’ambitions qui ne rêve que de quitter le village, de partir à la ville faire ses études et s’enrichir… et là tout capote.

Vu le résumé du début de ce livre, on penserait à un roman de terroir, la ferme, les jolis paysages, les animaux, mais on en est loin. Les chapitres portent tous un titre composé d’un verbe à l’infinitif : protéger, aimer encore, faire mal, vivre, mordre, venger. Les personnages sont tourmentés, pleins d’excès. Blanche, quand elle aime, c’est trop et à tout jamais. Ce sont des personnages attachants mais rudes et violents. Les femmes sont fortes et indépendantes. C’est le Paradis, mais la bête, qui sommeille en chacun de nous, y est tapie, et l’histoire monte crescendo.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur.

Un commentaire sur “Une bête au Paradis

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  1. On peut faire un seul reproche à ce beau roman que Sylvaine m’a donné envie de lire : il est parfait.

    Emilienne, c’est la France rurale éternelle ; Louis, c’est l’enfant battu qui fera un adulte dur à la tâche ; Blanche, c’est la jeunesse et la pureté du cœur ; Alexandre, c’est la tentation du grand large, la conquête de la modernité, qui entrera forcément en conflit avec l’attachement de Blanche à sa terre. Tout ceci est remarquablement mis en place, évoqué et développé par Cécile Coulon, dans une langue précise, épurée, soignée, qui dit son amour pour le terroir et pour ses personnages. Ce livre qui nous prend et nous émeut m’a apporté tout ce que j’en attendais, et comporte de très belles pages. Mais il y manque un grain de folie, de surprise, de négligé – ou est-ce moi qui ai du mal avec le classicisme français ?

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