Chavirer

Lola Lafon, Chavirer, Actes Sud, 2020

Par Brigitte Niquet.

Loin de moi l’idée de m’en faire une spécialité, mais il est difficile au critique de bonne volonté d’ignorer l’actuel débordement de livres plus ou moins clairement labellisés #MeToo. C’est ainsi qu’après Le consentement, je me suis retrouvée à lire Chavirer qu’on m’avait vivement conseillé et qui m’a « scotchée » dès les premières pages.

Contrairement à l’héroïne de Vanessa Springora, celle de Lola Lafon, Cléo, n’est pas la victime d’un seul prédateur, mais d’une sorte de mafia en bande organisée. Nous sommes dans les années 80, elle a à peine 12 ans quand elle est « repérée » par la très charmante Cathy, une apparition de rêve dans sa vie, qui lui fait miroiter l’obtention d’une bourse offerte par la fondation Galatée pour poursuivre les leçons de danse que ses parents ne peuvent plus lui payer et réaliser son rêve : devenir danseuse professionnelle.  Comblée de cadeaux et de compliments, la naïve Cléo n’en revient pas de sa chance jusqu’au jour où… Le danger avait l’haleine tiède d’un animal assoupi : celui-ci se réveille et sort ses griffes. Nous sommes à peu près au tiers du livre. Cléo, à qui on fait savoir sans ménagement qu’elle est trop coincée, voire frigide, disparaît des écrans radars et une nommée Betty prend sa place. L’ogre a besoin de chair fraîche.

Le reste du livre sera consacré à « l’après », celui de Cléo comme celui de Betty. Malheureusement, alors qu’on attend de savoir comment les deux ados vont remonter de leur descente aux enfers, tout à coup le roman s’enlise et entrent en scène de nouveaux personnages dont on ne voit pas bien l’utilité et à qui des chapitres entiers sont consacrés. Le lecteur décontenancé se surprend à tourner les pages deux par deux et à aller voir plus loin si par hasard… Heureusement, cette longue digression nous offre au moins une  immersion presque documentaire dans un autre monde sans pitié, celui de la danse. Et l’auteure finira par en revenir au vif du sujet en racontant comment, bien des années après, le déferlement de la vague #MeToo obligera Cléo, Betty et les autres à affronter leur passé, qu’elles croyaient avoir enterré avec leurs rêves et leurs illusions. Mais elle y revient un peu tard et c’est bien dommage.

Catégorie : Littérature française.

Liens : chez l’éditeur.

Un commentaire sur “Chavirer

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  1. Pas le même ressenti, mais pas grave ! C’est ça la lecture… Merci tout de même pour cet avis différent ! 😉

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