
Robert Harris, Le second sommeil, Belfond, 2021
— Par Catherine Chahnazarian
Christopher Fairfax était-il fait pour être prêtre ? Rien n’est moins sûr. Il est pourtant imprégné des devoirs de sa charge. Mais le devoir va céder le pas à la curiosité. Savoir ! Comment résister à la curiosité de savoir ? Des questions petites et grandes s’imposent à lui : Comment le père Lacy est-il mort ? Comment les Anciens vivaient-ils ? Mais l’Histoire peut-elle livrer tous ses mystères ?
On pourrait craindre à l’un ou l’autre moment de cette aventure qu’elle serve une morale qui nous vise, nous, directement. Mais ce serait mal connaître l’auteur. Il ne s’y abaissera pas, se contentant de raconter l’histoire d’un jeune homme qui se laisse naïvement porter par les événements.
Ce nouveau thriller historique de mon écrivain préféré est encore différent des autres. Peut-être pas le plus admirable mais pas le moins culotté. On est au Moyen Âge, dans une vallée reculée où l’on se déplace à cheval, où l’on élève des moutons et quelques vaches, où l’on tisse, où l’on forge et où l’on prie. Le Moyen Âge… à un détail près.
Catégorie : Policiers et thrillers (Grande-Bretagne). Traduction : Natalie Zimmermann.
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Catherine a raison, le livre est original et culotté, et ce qu’il a d’inattendu est savamment crypté. De plus, il installe un suspense qui ne se dément pas, et il nous capte avec des personnages bien campés. Mais j’ai été frustré par le fait qu’il se dérobe à l’explication de ce qui nous vise directement dans cette aventure et que moi non plus je ne dévoilerai pas. De la part de quelqu’un d’aussi ambitieux que Robert Harris (si l’on pense à Conclave ou à Fatherland), c’est surprenant.