
Viola Ardone, Le Train des enfants, Albin Michel, 2021
– Par Sylvaine Micheaux
Automne 1946, Naples. L’Italie a perdu la guerre, et la région de Naples est plus pauvre que jamais. Les familles miséreuses ont faim et les représentants de la section communiste locale mettent en place un train qui va emmener des jeunes enfants faméliques du Sud passer 6 mois dans des familles d’accueil de la section communiste du Nord (région de Bologne-Modène). Le but est de les éloigner quelques mois de la misère, après des années de guerre, de peur et de faim, de bien les nourrir pour leur « refaire une santé », et de les gâter un peu.
Amerigo est un de ces enfants, 7 ans, presque 8, élevé par sa seule mère, son père étant parti faire fortune aux USA et ayant oublié de revenir. Il est un petit chiffonnier des rues, ne va plus à l’école car il n’aime ni lire ni écrire, même s’il adore le calcul et la musique, et sa maman a trop besoin de son aide.
Il part avec des centaines d’autres, qui meurent tous de peur car, croient-ils, on ne les emmène pas dans le Nord du pays, mais vers la Russie communiste, chez des Russes qui vont ou les manger tout crus ou leur couper les mains ou les cuire au four. Mais après tant d’angoisse, ils arrivent bien tous à Bologne, et Amerigo se retrouve chez une jeune femme seule et sans enfants. Il va enfin retourner à l’école, manger à sa faim et se retrouver dans un petit cocon protecteur. Mais comme prévu, six mois plus tard, malgré la joie de revoir les siens, c’est le retour à la pauvreté, l’arrêt de l’école et de la musique. Comment Amerigo et tous ces enfants à qui on a fait toucher du bout des doigts une autre vie, plus facile, vont-ils le supporter ? Comment refaire le grand écart dans l’autre sens ?
C’est Amerigo qui raconte son histoire, avec des mots vifs d’enfant des rues plein d’humour — et de tristesse parfois –, avec la gouaille d’un petit poulbot napolitain. On se laisse embarquer par cette histoire basée sur des faits réels, ce train ayant vraiment existé. Un vrai plaisir de lecture.
Catégorie : Littérature italienne. Traduction : Laura Brignon.
Liens : chez l’éditeur.
C’est une histoire touchante, dirait-on ! Merci pour le conseil de lecture.