Sarah Waters, Derrière la porte, Denoël, 2015
Par François Lechat.
700 pages qui se lisent très vite, mais qui démarrent lentement. C’est que, au début, il n’y a pas grand’ chose à raconter : dans la banlieue de Londres, après la guerre 14-18, une jeune femme et sa mère doivent louer une partie de leur maison à un jeune couple pour faire rentrer de l’argent. Alors, évidemment, l’héroïne, Frances, a des états d’âme, gamberge, observe, épie, s’interroge, s’adapte difficilement… Jusqu’à ce que des liens se tissent, pas ceux que l’on attendait, et que des événements se dessinent, que l’on sent venir sans tout à fait y croire. Puis qu’une intrigue se noue, simple et forte, puis rebondisse car la situation n’est pas facile, puis prenne des tours surprenants, éprouvants, dramatiques. De sorte qu’on lit les 300 dernières pages d’une traite, tellement elles sont tendues, mais en devant faire quelques pauses pour souffler un peu (un conseil : ne lisez surtout pas la quatrième de couverture !).
Au final, il est évident que l’auteur n’a jamais dévié de sa route : tout est focalisé sur son héroïne, dont les moindres sensations sont exposées, décryptées, soulignées. Mais les détails un peu longuets du début ont fait place, progressivement, à des réactions âpres, passionnelles, charnelles, engageant des instincts et des sentiments contradictoires, un désordre moral fort bien rendu. Avec un final courageux, car l’auteure évite ce qui aurait pu la tenter : faire de la grande littérature.
Catégorie : Littérature étrangère anglophone (Royaume-Uni). Traduction : Alain Defossé.
Liens : chez Denoël.
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